Après plusieurs mois d’attentes, j’ai enfin vu Only Lovers Left Alive. C’est en effet le grand film de vampire que j’attendais depuis un moment, depuis Morse plus exactement. Mais si je reconnais sa valeur, ce n’est pourtant pas une œuvre que je chérirai, comme Les prédateurs, Aux Frontières de l’aube ou encore Entretien avec un vampire, même s’il n’a pas grand chose à leur envier. Esthétiquement, c’est une vrai tuerie, rien à redire. Une photo a couper le souffle (certains plans sont de véritables tableaux) des acteurs splendides (Tilda Swinton et Tom Hiddleston au mieux de leur capilarité), une BO magnifiquement sombre, un brin d’humour (des sorbets au sang !?), une ambiance très goth… il y avait tout pour me plaire…
L’histoire : Adam vit à Detroit et est un musicien dépressif et misanthrope qui collectionne les amplis, les guitares collectors et se passionne pour les cables et les fusibles ; Eve, sa femme, vit à Tanger au milieu d’une pile de livres. Elle retrouve Adam à détroit pour l’empêcher de se suicider.
En évoquant ses propres fétiches, Jim Jarmusch nous livre des vampires reclus et collectionneurs de vieilles choses ( un peu à la manières des Antiquaires dans La Soif Primordiale de Pablo de Santis, où même chez Anne Rice avec Lestat qui accumule les meubles anciens) mais aussi des vampires abstinents à une époque où le sang n’est plus pur et que le moindre meurtre est sujet à une enquête scientifique.
L’aspect le plus intéressant de l’œuvre, est qu’elle se démarque de la production vampirique actuelle adressée aux adultes qui se vautrent dans l’orgie sanglante (je plaide coupable mais je pensais surtout à True Blood, Morse ou Fright Night) ; Only Lovers Left Alive choisit de ne rien montrer, même pas une petite morsure, laissant le spectateur sur sa faim et une place à l’imagination rafraîchissante et somme toute plus efficace qu’un bain de sang.
Si tout en Eve et Adam est visuellement sensuel, dans les faits, ils transcendent leur dangereuse sexualité par l’art et la culture, préférant lire ou faire de la musique pour ne pas penser à la soif de sang. Du coup, Eve et Adam sont à la fois le couple de vampires les plus beaux et les plus chiants jamais rencontrés ! Cools et fascinants dans le look rock star (lunettes de soleils, lui en noir, elle en blanc, pas une mèche de traviole) pas cool ni fascinants dans les faits, se complaisant dans l’inertie et dans un constant name dropping. Ce thème de la culture contre la sexualité m’a rappelé le Nymphomaniac de Lars Von Trier, sorti à peu près en même temps, où l’histoire ultra excitante de Charlotte Gainsbourg est comparée par son auditeur asexué à de des faits scientifiques, des œuvres d’art ou des courants philosophiques.
Only Lovers Left Alive est donc un film très agréable à regarder, mais un peu plus difficile à écouter (dialogues mous où on s’écoute parler), et ses personnages principaux ne sont que deux gros snobs matérialistes et élitistes un peu perchés. On leur préférera l’imprévisible petite sœur d’Eve qui donne un peu de punch au film durant son bref passage dans la demeure d’Adam et leur assène leurs quatre vérités.