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Les gentils vampires n'existent pas

~ Le blog de l'écrivaine Morgane Caussarieu

Les gentils vampires n'existent pas

Archives de Catégorie: interview

Le documentaire Vampyr de Rémy Batteault

27 mercredi Jan 2016

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Jean Marigny, Jeanne Faivre d'Arcier, Li Cam, Morgane Caussarieu, Rémy Batteault, Vampyr

Le docu sur les vampires de Rémy Batteault à voir en streaming pendant une semaine !  J’y apparais modestement en compagnie des romancières Li Cam et Jeanne Faivre d’Arcier au tout début, à 45:40 et 48:30 où un extrait de Dans les veines est même lu (merci Rémy!!!) )

http://pluzz.francetv.fr/videos/documentaires_champagne_ardenne_,133571620.html

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Interview et critique de Dans les veines pour le site Dailymars

21 mardi Juil 2015

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caussarieu, dailymars, dans les veines

http://www.dailymars.net/interview-morgane-caussarieu/

http://www.dailymars.net/dans-les-veines-splatterpunk-a-bordeaux/

[INTERVIEW] MORGANE CAUSSARIEU « AVEC LA BIT-LIT, J’AI L’IMPRESSION D’ASSISTER À UNE RÉGRESSION DU VAMPIRE »

Déborah Gay juillet 21, 2015 BOOKS, INTERVIEWS
MORGANE CAUSSARIEU EST UNE JEUNE ÉCRIVAIN DE 28 ANS, MORDUE DE LITTÉRATURE ET DE VAMPIRES. AUTEURE D’UN ESSAI INTITULÉ VAMPIRES ET BAYOUS : SEXE, SANG ET DÉCADENCE, LA RÉSURRECTION DU MYTHE EN LOUISIANE, SON DERNIER ROMAN, JE SUIS TON OMBRE, A OBTENU LE PRIX BOB MORANE 2015. MORGANE CAUSSARIEU, QUI FAIT PARTIE DES SCÈNES DES SCÈNES PUNK, POST-PUNK ET RAVE, REVIENT AVEC NOUS SUR SON PREMIER ROMAN, DANS LES VEINES, A L’OCCASION DE LA RÉÉDITION DE CELUI-CI CHEZ HELIOS.

entretien-avec-un-vampire-1994-01-g

Dans les veines est sorti quand vous aviez 24 ans. Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire un tel roman ?
Morgane Caussarieu J’ai écrit ce livre quand j’avais 20 ans. Il a été publié quatre ans plus tard. En fait, j’ai été très marquée par tout l’univers d’Anne Rice. J’ai luEntretien avec un vampire, j’avais 8 ans. Et j’ai complétement été happée par la figure du vampire. Je suis de la génération Buffyaussi, puis j’ai découvert des auteurs comme Poppy Z. Brite. Et donc pour moi, il était impossible d’écrire sur autre chose que le vampire.

Le vampire est un être fascinant car c’est une figure trouble, paradoxale. Il y a l’Eros et le Thanatos, il est mort et vivant, repoussant et attirant à la fois. Il a un visage d’ange et c’est un démon. Je crois que c’est ça qui m’a séduite et aussi cette façon d’aborder la sexualité à demi-mots. Pour un enfant, c’était assez fascinant.

D’ailleurs, dans Dans les veines la sexualité est très présente. On parle d’une sexualité très noire, très taboue. Pourquoi ce choix-là ?
M.C. J’ai toujours aimé ce qui était un peu gore et violent. Je suis très fan de cinéma bis,  et j’inscris Dans les veines dans le courant du splatterpunk. Une catégorie à laquelle appartiennent Poppy Z. Brite, Clive Barker, Jack Ketchum. C’est une littérature qui veut trancher avec une horreur un peu onirique comme on peut avoir chez Poe. Là, on part sur une horreur très réaliste, très montrée. J’ai toujours l’habitude de définir ça comme une littérature qui veut retranscrire les sensations du Grand Huit : on a la nausée, on en peut plus, mais on en redemande quand même.

Dans mon livre, j’ai vraiment voulu réagir avec toutes ces histoires de vampire qui finissent bien. Pour moi ce n’est pas possible qu’une histoire d’amour avec un vampire se termine bien, parce que c’est une créature profondément égoïste, qui se nourrit des autres pour survivre. Ca ne peut pas finir par un mariage.

Buffy

Pensez-vous quand même qu’un vampire a une âme ?
M.C.
Mes vampires sont dénaturés par leur mode de vie mais on voit bien qu’ils réfléchissent comme nous. Au final, ils utilisent d’autres sens, ont d’autres besoins, mais ils sont quand même capables d’amour à leur manière. Ils sont jaloux, ils sont possessifs, ils s’entraident les uns, les autres. Donc oui, ils ont une âme. Ils n’ont pas les mêmes perceptions et ne répondent pas aux mêmes lois.

Pourquoi avoir mis les vampires en scène à Bordeaux ?
M.C. Quand j’ai écrit Dans les veines, j’étais étudiante à Bordeaux, et je voulais absolument écrire une histoire de vampires française. J’en avais marre qu’on aille toujours aux Etats-Unis, il y a même des auteurs français qui prennent des pseudos américains et qui situent leurs histoires là-bas. Je voulais un vampire français, un vampire du terroir. Donc Bordeaux, parce que j’y vivais mais aussi parce que je trouvais que c’était une ville pas trop petite et pas trop grande. Les vampires n’auraient pas pu prendre la ville de Paris d’assaut comme ça, et je trouve que cela donne une impression de huis-clos dans cette ville.

Votre vampire français est un vrai punk. Est-ce que le vampire est par essence punk ?
M.C.
Le vampire est devenu punk dans les années 80. Il y a une chanson, « Bela Lugosi’s dead » de Bauhaus, qui montre que le vampire d’antan est complétement dépassé, une nouvelle génération de vampire est arrivée et cette chanson ouvre d’ailleurs le film Les prédateurs. Et quelques années plus tard, il y a eu deux autres films, Aux frontières de l’aube et Génération perdue, qui vont mêler vampires et culture punk, le côté marginal du punk et le côté marginal du vampire.

Si un nouveau vampire devait voir le jour, à quoi ressemblerait-il ?
M.C.
Je n’ai pas de réponse. J’ai joué avec des codes déjà existants, pour leur rendre hommage. Mais je ne sais pas, vraiment… J’ai apporté ma petite touche, mais j’ai touché à tous les archétypes du vampire et je les ai confrontés à la société de maintenant et aux codes du vampire de la bit-lit, qui m’exaspèrent vraiment.
Bit-lit, c’est ce côté avec héroïne forte, à la Anita Blake. J’aime beaucoup Anita Blake, je suis une génération Buffy, je ne crache pas sur toute la bit-lit en général. Mais j’ai l’impression d’assister à une sorte de régression du vampire. Il était devenu sujet, un héros auquel on pouvait s’identifier chez Anne Rice, et là, dans la bit-lit, il est devenu l’adversaire ou le petit copain de l’héroïne forte et il est repassé en temps qu’objet. Il manque de substance, de complexité. Il est peu fouillé.

mc

Vous avez écrit une autre histoire, qui a reçu le prix Bob Morane, intitulée Je suis ton ombre…
M.C.
Oui, mais c’est un peu particulier car ce n’est pas centré sur le personnage du vampire. C’est vraiment une histoire sur l’enfance pervertie. Certes, le personnage de Gabriel, présent dans Dans les veines, vient hanter un petit garçon névrosé, lui raconte son histoire, et ce garçon découvre son journal intime et comment il est devenu vampire. Donc ça arrive vraiment à la fin.

Recevoir ce prix, ça m’a apporté beaucoup de moqueries, car le méchant dans Bob Morane, c’est l’Ombre jaune, donc j’ai eu le droit à « Je suis ton ombre… jaune ». Sinon, j’étais extrêmement fière de le recevoir, je ne m’y attendais pas du tout. J’étais aussi en lice pour le prix Masterton et je m’étais dit que j’aurais plus de chance avec celui-là car il est axé horreur et fantastique. Tandis que le prix Bob Morane réunit toutes les catégories de l’imaginaire, donc j’étais surprise. Et assez fière.
 

Propos recueillis par téléphone, en juin 2015.

DANS LES VEINES : SPLATTERPUNK À BORDEAUX

Déborah Gay juillet 19, 2015 BOOKS

Morgane Caussarieu

L’histoire : Les nuits sont chaudes à Bordeaux, alors que les jeunes se pressent au nouveau club tendance, le Bathory, et que des cadavres exsangues sont repêchés de la Garonne. Des vieux punks dévastent un supermarché. Le lieutenant Baron se penche sur l’enquête, tandis que sa fille Lily cherche sa libération parmi la faune nocturne.

Mon avis : Amateurs de vampires douceâtres, chouinant sur l’existentiel, romantique et aimant les vieux châteaux, passez votre chemin. Bienvenue dans un monde sombre, glauque, mortel. Où le mal, qui est l’essence de ces créatures surnaturelles, se cache aussi chez les hommes. Ne cherchez ni espoir, ni amour dans un livre d’une noirceur cruelle qui redéfinie les histoires de vampire.

Trahisons, liens, relations, tout se redéfinit dans la nuit bordelaise. Un livre qui secoue et prend aux tripes, sans espoir de rédemption, qui tisse une toile amère. Un excellent récit de Morgane Caussarieu, dont il s’agissait du premier roman, réédité chez Helios. Elle a d’ailleurs rédigé Vampires et Bayous : sexe, sang et décadence, la résurrection du mythe en Louisiane , un essai sur nos amis aux crocs pointus.

Par Dans les veines, roman assez graphique et sanglant, elle apporte sa touche et sa version au mythe du vampire, avec originalité, tout en gardant certains fondamentaux (non, ils ne se transforment pas en diamants au soleil, ils crament). Roman punk, par ses personnages (le buveur de sang Jeff et ses amis camés), son message nihiliste et sa bande sonore, Dans les veines est un récit qui emporte jusqu’au bout de la nuit, si on a l’estomac bien accroché.

Si vous aimez : des récits où le loup est loup. Le splatterpunk (mélange d’un esprit nihiliste et réaliste du punk dans le domaine des genres fantastique et horrifique). No Future.

Autour du livre : Morgane Caussarieu a remporté le prix Bob Morane du roman francophone 2015 pour son ouvrage Je suis ton ombre qui a lieu dans le même univers que Dans les veines.

Extrait : « Il se plaça juste derrière Lily, le torse contre son dos, les hanches contre ses fesses, et elle sentit son souffle gelé se lover dans son cou. L’odeur de l’enfance lui envahit les narines à nouveau, l’odeur de sa salive sur cette vieille peluche qu’elle chérissait. Elle n’osa pas se retourner, tandis que les ongles lui caressaient la nuque, hérissant le duvet qui la recouvrait.
« Ton existence est extraordinaire », chuchota-t-il à son oreille et sa voix de glace se faufila jusqu’à son sympa, pareille à un serpent effilé. « Tu ne sais pas à quel point…
-Me fais pas mal », couina-t-elle, peinant à faire entrer l’air dans ses poumons.
Il rit, et son rire lui fit penser à un bonbon acidulé, qui vous pique la gorge. »

Sortie : mai 2015, 442 pages, éditions Helios, 10,90 euros.

Vidéo Trolls & Légendes

11 mercredi Déc 2013

Posted by morganecaussarieu in interview

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ayerdhal, caussarieu, gaborit, légendes, mons, trolls

Voici un très beau montage sur Trolls et Légendes, le super salon belge auquel j’ai participé il y a une dizaine de mois déjà et sponsorisé par la bière Troll  \o/ ! Que des bons souvenirs ! Le reportage est drôle en plus, car si vous regardez bien le sous-titre de mon interview on me présente comme une « jeune écrivain de bit-lit »… 😉 je crois qu’il ne me reste plus qu’à écrire Journal d’un vampire Tome 7 (s’il n’existe pas déjà!)

http://www.youtube.com/watch?v=asQ4oiYYZ_8&feature=youtu.be

CONFERENCE sur le VAMPIRE au dernier bar le 16 mars

15 vendredi Mar 2013

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flyer_semaine_vampirik

581958_10151762298707345_1826149056_navec Jean Marigny, Marjolaine Boutet, Alice Arsnalegic, et Vanessa Terral

interview Quoi de neuf sur ma pile

05 mercredi Déc 2012

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dans les veines, gromovar, Morgane Caussarieu

pour voir l’interview sur le site de Quoi de neuf sur ma pile, cliquez ici !

mercredi 5 décembre 2012

Interview : Morgane Caussarieu

Morgane Caussarieu est l’auteur d’un premier roman, « Dans les Veines », qui met à bas les vampires à la Twilight et la bit-lit en général. Proche du style de Poppy Z. Brite, elle livre une histoire de vampires violente et cruelle, dans la plus pure tradition d’un genre qui a longtemps poussé à l’effroi avant d’être galvaudé. L’insulte est lavée par « Dans les veines », et le vampire retrouve une place qu’il n’aurait jamais du quitter.
Elle répond ici à quelques questions sur son roman. On pourra se reporter pour d’autres précisions à l’interview qu’elle a donné au site ObskureMag.

Bonjour Morgane et merci de nous accueillir. Peux-tu te présenter brièvement pour les lecteurs qui ne te connaissent pas encore ?

24 ans et trois passions : le cinéma de genre, la musique post-punk, et la littérature glauque.

Ton premier roman, « Dans les veines », est sorti il y a peu. Qu’est ce que ça fait de voir son nom sur les étals des libraires ?

Je ne réalise pas vraiment. Le truc le plus fou, c’est quand tu relis pour la première fois ton texte dans un vrai livre, imprimé et tout. La découverte de la couverture a aussi été un moment d’émotion.

Les dernières années ont fait du vampire une sorte de créature générique qu’on peut utiliser à toutes les sauces. Tes vampires sont tout sauf aimables ; ils sont ce qu’ils n’étaient plus, des morts-vivants néfastes et malfaisants. D’où vient ta décision de revenir à l’origine du mythe et de rendre ses crocs au vampire ?

Un ras le bol général par rapport à Twilight et la bit-lit, et une envie de retrouver des personnages comme ceux que j’aimais lire ado, dans des œuvres un peu plus solides. Des vampires égoïstes, qui placent leur survie avant toute chose, et qui prennent leur pied à tuer et boire du sang.

Comment t’es venue l’envie d’écrire un roman splatterpunk (genre difficile, de plus assez confidentiel en France) ? 

Je ne me voyais pas écrire autre chose que du splatterpunk. Ce genre réunit tout ce qui me fait vibrer, ne me demandez pas pourquoi, c’est ainsi. Quand j’ai écrit le bouquin, je n’ai pas réfléchi à l’aspect commercial. Je l’ai écrit parce qu’il fallait que je le fasse. J’ai eu l’occasion de m’apercevoir que le genre n’était pas très populaire auprès du public et des éditeurs, après plusieurs refus justifiés par la violence — parfois gratuite — du texte.

Comment l’ont reçu tes lecteurs non avertis, ou ta famille ?

Les lecteurs « non avertis » l’ont étonnamment très bien reçu. Ce que j’entends le plus souvent, c’est : « Je l’ai dévoré, mais je vais faire des cauchemars pendant un mois. » Je pense que c’est dû au fait que j’utilise plusieurs codes de la bit-lit pour mieux faire passer la pilule, et que les gens s’y raccrochent pour continuer.
Quant à ma famille, eh bien, ils sont tous fiers, passés pour certains le premier choc de lecture. Cela doit être un tantinet dérangeant de lire des scènes de déviance sexuelle et d’inceste sorties de l’imagination de sa fille, sa nièce ou sa sœur, mais comme moi je n’en ai pas honte, et qu’après tout, ce n’est que de la fiction, tout s’est passé sans malaise. Faut dire que j’ai la chance d’avoir une famille assez ouverte d’esprit. Ma mère m’a quand même dit, en reposant le bouquin : « Je ne connaitrais pas aussi bien ton père, je me poserais des questions, parce que le passage du viol est vraiment très réaliste… ». Je l’ai rassurée, rien d’autobiographique à ce niveau là !

La famille est toujours une source de souffrance dans le roman. Composée par hasard ou par nécessité, elle contraint et blesse, du fait des attentes qu’elle suscite et des égoïsmes qu’elle exacerbe. La famille ne peut-elle être que le lieu de la névrose ? La fuite est-elle le seul moyen de survivre ?

Bien vu ! Pour moi, l’épanouissement personnel est impossible au sein de la cellule familiale, qui dévore l’individu et le rend aigri et irascible. J’en serai devenue folle si je ne m’étais pas barrée aussi vite de chez ma mère, et mes personnages sont timbrés parce que c’est ce qu’ils ne parviennent pas à faire, par peur du reste du monde. La famille, c’est avoir des liens indéfectibles avec des gens qu’on n’a pas choisi, et à mon sens, c’est quelque chose de terrible. Parfois, on a la chance de tomber sur des gens biens, parfois non. C’est ce qui est arrivé à Lily, Damian et J.F., prisonniers de chefs de famille possessifs et malsains. C’est en cela que l’on parvient à s’identifier à eux, malgré leurs personnalités haïssables.

« Dans les veines » utilise de nombreux codes de l’imagerie adolescente. Le petit animal, proche amour et confident avec qui on partage un petit secret (la signification de son nom), les problèmes au lycée avec les groupes rivaux, le « mur » la nuit. La vie adolescente, ce « ténébreux orage », se caractérise-t-elle par un continuum de conflits et de dissimulations ? En quoi était-il important que cette histoire concerne des adolescents ?

Parce que devenir vampire, c’est un rêve d’adolescent le plus souvent, qui découle de la peur de la vie adulte et des responsabilités qui l’accompagnent. Être vampire, c’est ne pas travailler, et faire la fête toute la nuit. Aucun ado normalement constitué ne cracherait dessus !
L’adolescence, c’est le moment difficile où l’on cherche qui l’on est, et qui l’on veut devenir, et c’est à ce moment là que l’on est le plus susceptible d’être fasciné par le monde nocturne. La relation entre Damien et Lily fonctionne uniquement parce que Lily n’a que 15 ans, et que de ce fait, elle est fragile, paumée, mal dans sa peau, comme je l’étais à son âge…  L’adolescence est la période la plus cruelle dans une vie et Dans les veines est un roman cruel…
En outre, la plupart des bouquins de bit-lit mettent en scène des adolescentes ou des toutes jeunes femmes, et je tenais à respecter ces codes pour les détourner plus efficacement.

Tu cites ailleurs la nouvelle « Entre chien et louve » de Gudule. Superbe texte qui rappelle les vers « And this is why I hate you, And how I understand, That no-one ever knows or loves another » de Robert Smith, retraduisant dans « How beautiful you are » « Les yeux des pauvres » de Baudelaire. L’incompréhension ou l’inconnaissance te paraissent-elles inévitables en amour ? Lily s’aveugle-t-elle volontairement en ce qui concerne Damian ?

Au début d’une relation, lorsqu’on est très amoureux, on juche généralement l’autre sur un piédestal, refusant de voir ses défauts. C’est ce que fait Lily. Certaines personnes préfèrent ne pas savoir ce que l’autre pense vraiment d’elles, par peur de ne pas être aimées autant qu’elles aiment. Elles préfèrent alors se complaire dans l’ignorance, qui entraine forcément des doutes sur les motivations du partenaire. La question, « pourquoi es-tu amoureux de moi ? », c’est quelque chose qu’on a du mal à demander, encore plus que « Es-tu amoureux de moi ? ». Damian synthétise ce que l’on peut craindre de pire de la part de son amant. Quelqu’un de très égoïste, de manipulateur, qui ne vous aime pas pour ce que vous êtes, mais juste pour l’image que vous lui renvoyez, ici celle de son premier amour. On a tous eu ce premier amour (partagé ou non, amour de l’un des parents, amour d’un personnage fictionnel…), et je pense que de manière plus ou moins consciente, on est attiré par les gens qui nous le rappellent par tel ou tel aspect, même minime.
Lily et Damian ont chacun leurs raisons de se fréquenter : envie d’évasion pour l’un, et nostalgie pour l’autre, mais ces raisons n’ont rien à voir avec l’amour véritable. Et c’est quelque chose de très effrayant à mon sens, peut-être la chose la plus effrayante du roman.

Après avoir été mordu la première fois par Damian, Lily est dans une sorte de sidération dont elle sort, plusieurs heures après, en s’effondrant sous la douche. L’enchainement m’a fait penser aux conséquences d’un viol. Etait-ce une idée que tu avais en tête ou le parallèle est-il fortuit ?

Lily a été violée lors de cette première rencontre, même si tout cela s’est passé en douceur, et elle ne s’en rend compte qu’après. Ce qui ne l’empêche pas de revoir Damian, car les traumatismes qu’elle a subi l’ont rendue masochiste.

L’attirance/répulsion que Lily semble éprouver pour Damian est-elle symbolique de la relation des jeunes filles à l’amour, ou au sexe ? Est-il plus facile pour un écrivain de rendre intelligible ce paradoxe en faisant de l’objet d’attirance un vampire ?

C’est un procédé qui a toujours été utilisé par les écrivains, depuis Dracula et même avant. Se servir du surnaturel pour souligner un problème réaliste est l’une des raisons d’être de la littérature fantastique, et c’est pourquoi elle me passionne. La peur de la morsure du vampire est souvent, dans la littérature YA, la peur de l’acte sexuel, de la pénétration. Dans les veines est un roman qui développe les peurs féminines : peur de faire l’amour, d’être violée, de n’être aimée que pour son corps et pas pour ce que l’on est.

Comment se fait-il que Lily n’ait jamais l’idée de lancer Damian (qu’elle envoie la venger de la peste au lycée) contre son père. Comment Lily envisage-t-elle sa place auprès de son père ?

C’est simple. Elle n’a plus que lui sur qui compter. Il est sa seule famille, puisque sa mère est une épave, et qu’elle n’a pas ni frère ni sœur. Son père est la seule personne qui l’aime aussi, puisqu’elle doute des réels sentiments de Damian, et se demande pendant tout le roman ce qu’il fait avec une fille comme elle. Son père, malgré ce qu’il lui fait subir, prend soin d’elle, et lui répète sans arrêt à quel point il tient à elle. Et lui, au moins, elle sait pourquoi. Sans lui, Lily s’estime perdue, car elle n’a pas le courage de prendre son indépendance.

Le secret domestique dans lequel vit Lily doit-il quelque chose à « La fille d’à côté » de Ketchum ?

Non, car quand j’ai découvert ce roman, j’avais déjà presque fini d’écrire Dans les veines.

La première fois où Damian et Lily font l’amour est l’une des scènes les plus gonflées que j’ai lues. Comment as-tu osé écrire cette scène, et réalises-tu qu’elle est une pierre de touche du livre ?

Si par gonflée tu entends choquant, alors il me semble qu’il y a des passages plus mémorables dans le bouquin. Mais c’est en effet l’apogée de l’histoire de Lily et Damian. La première fois dans la vie d’une jeune fille, détournée à la sauce splatterpunk. La scène est tendre et dérangeante à la fois. Comme le reste du roman, elle est écrite de façon très crue et n’a pas grand chose de sensuel au final, puisque Lily n’a plus que la peau sur les os et qu’il sont dans la chambre d’hôpital d’une petite fille morte.

L’amour exclusif de Gabriel pour sa « mère » et son « grand frère » signe-t-il sa personnalité intrinsèque ou est-ce un reste de l’immaturité de l’enfance chez lui (mise en lumière par ses dents de lait qui ne cessent de tomber et de repousser) ?

Comme tout môme, Gabriel est incapable de se débrouiller seul. Sans sa famille, il est condamné à mort, voilà pourquoi il ne peut les laisser partir. À cela s’ajoute une jalousie maladive, celle de l’enfant qui ne veut pas partager ses parents à l’arrivée de la nouvelle petite sœur.

En voyant Lily, Damian et Gabriel, difficile de ne pas penser à Louis, Lestat et Claudia (les points de convergence sont nombreux). Dans quelle mesure ce parallèle était-il conscient et/ou volontaire ?

J’ai lu Entretien avec un vampire à huit ans, et j’ai vu le film de Neil Jordan plus d’une centaine de fois quand j’étais ado. J’ai donc été considérablement marquée par les vampires d’Anne Rice, et c’est tout à fait volontaire si certains aspects de ses Chroniques ressortent dans mon roman. Tout simplement parce que ce sont Lestat, Armand et Claudia qui ont en partie inspiré mon imaginaire, et que Dans les veines leur rend hommage.

JF semble plus humain que les autres, moins changé, car plus jeune. Il est néanmoins impossible de ne pas voir qu’il est aussi vampire que les autres, et même qu’il utilise ses anciens potes comme des objets à qui il dénie toute liberté, en dépit de l’affection qu’il semble leur porter. Est-il vraiment le moins néfaste de tous, ou n’est-ce qu’une impression donnée par sa désinvolture punk ?

Il n’est pas le moins néfaste, car il est le plus violent et le plus excité, et qu’il tue à tour de bras pour soulager son addiction au sang. Mais contrairement aux autres, il est totalement con, donc beaucoup moins retors. J.F est aussi celui qui a le moins changé depuis sa transformation, non parce qu’il est encore jeune, mais parce qu’il était déjà ultra-violent, junkie et pourri jusqu’à la moelle lorsqu’il était humain.  Devenir vampire n’a changé que sa force et sa capacité à blesser autrui, sans crainte de représailles. Contrairement aux autres, qui se sont dénaturés au fil du temps, il était destiné, depuis sa naissance, à devenir vampire.

J’ai très envie de savoir comment tu connais aussi bien la scène et l’ambiance des années 70/80. Peux-tu m’éclairer ?

Je traine beaucoup en concerts et soirées batcave, death rock, new wave, minimal wave, punk, etc… parisiennes, et j’y rencontre des gens très intéressants, dont certains ont vécu ces années que je n’ai pas connues mais qui me rendent quand même nostalgiques ! Parfois, j’aimerais avoir une machine à remonter le temps sous la main et pouvoir me téléporter à Londres dans les années 80…

Quel regard portes-tu sur la scène gothique contemporaine ? Et sur la communauté gothique ?

La scène gothique est éparse, les sous-catégories foisonnent. Un death rocker n’a rien à voir avec un dark folkeux ou un indus, un métalleux, un steam punk ou un fetishiste, pourtant, les médias les mettent tous dans le même panier. Ce que les gens qualifient couramment de gothique de nos jours, ce ne sont plus les post-punks, mais les adeptes de l’électro-indus, qui n’ont de gothiques que le nom. Nous somme à une époque de « néo-gothisme ». Les post-punks sont devenus old-school, presque des dinosaures en voie d’extinction. Généralement, les jeunes préfèrent acheter une paire de New Rock, se coiffer de dreadlocks fluorescentes et aller danser sur des airs d’electro-indus très rythmés qui empruntent parfois à la techno et qui sont donc plus abordables pour l’oreille inexpérimentée du néophyte. Rares sont les gens des scènes batcave, et minimal wave, qui ont moins de trente ans, et c’est dommage, parce qu’on ne voit pas beaucoup de nouvelles têtes du coup en concert. Bref, ces deux mouvements (post-punk et électro-indus) n’ont pas grand choses à voir et se mélangent peu, même si dans la plupart des grandes soirées parisiennes, on réserve un dance floor à chacun. En France, l’électro-indus est roi, et pour écouter des morceaux old school pointus, il faut plutôt bouger en Allemagne, même si certains dj hexagonaux résistent encore et toujours à l’envahisseur.

Tu fais référence dans le livre à de très nombreux films, séries, romans sur le thème du vampire. Est-ce l’hommage que tu rends à des inspirateurs ? Qui t’a le plus influencé dans l’écriture du roman, explicitement mais aussi implicitement ?

Dans les veines est mon hommage au vampire en général. Outre Entretien avec un vampire, cité plus haut, les deux œuvres qui m’ont le plus influencée sont Aux Frontières de l’Aube, de Kathryn Bigelow, et Âmes perdues, de Poppy Z. Brite, que je cite dans le roman. Mes muses implicites seraient peut-être aussi The Devils Rejects, de Rob Zombie et le cinéma de Gregg Araki.

J’ai encore plein de questions, mais je vais te laisser reposer. Juste une question pour finir dans la bonne humeur : Charlotte Volper est-elle très sévère ?

Une vraie furie ! Non, je plaisante. C’est une excellente éditrice, très à l’écoute, qui a su rendre Dans les veines plus digeste pour le lecteur, en m’invitant à retravailler certaines erreurs typiques des premiers romans.

Interview dans Obsküre Magazine

24 samedi Nov 2012

Posted by morganecaussarieu in article, interview, news

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caussarieu, dans les veines, interview, itv, new wave, obskure, Poppy

pour lire l’interview sur le site d’Obsküre Magazine, c’est ici

Avec Dans les Veines, le premier roman de Morgane Caussarieu, on exulte avant même d’avoir lu la première page. On sait qu’on va être furieusement chez soi, dans ce Bordeaux noir et sanglant ; qu’on va renouer avec une cruauté vampirique qu’on croyait perdue ; qu’on ne va plus dormir, autant parce qu’on va se prélasser dans ses ténèbres pour ne jamais les quitter jusqu’à la fin, que parce que l’horreur y sera à son comble. Si Obsküre n’avait pas parlé de ce roman, cette année, alors il n’aurait parlé d’aucun roman : sur fond de post punk et de new wave, Dans les Veines retrouve l’essence suprêmement macabre des suceurs de sang, et se permet même le luxe, par petites touches, de prendre en dérision la tendance actuelle du vampire littéraire – beaucoup trop sage pour nous affrioler : en gros, voici LE roman d’imaginaire à dévorer cet hiver. Morgane Caussarieu répond à nos questions, de quoi vous initier à son univers de littérature thrash et cinéma gore, ou de prolonger le plaisir si vous avez déjà savouré son premier roman.
Vincent Tassy

Obsküre Magazine : Histoire que personne ne s’y perde, pourrais-tu présenter ton roman – et si le cœur t’en dit, toi-même ?
Morgane Caussarieu : Dans les Veines est mon premier roman et j’ai commencé à l’écrire à vingt ans. J’ai tenté de le penser comme un anti-Twilight, une tentative de revenir à l’essence mortifère et perverse du vampire. Mes buveurs de sang ne brillent pas au soleil, et ils bouffent des junkies dans des squats miteux, sans états d’âme. Passionnée de littérature aux longues dents, de cinéma de genre et de musique post-punk, mes goûts ont nourri ma prose, et le bouquin suit des ados et des vampires psychopathes qui évoluent dans un milieu underground bordelais à la fois fantasmé et documenté, en tout cas très référencé.

Dans Les Veines est un roman splatterpunk, très noir, qui explore ce qui est communément interprété comme des déviances, et qui, de manière naturelle, se déroule dans les ténèbres, la violence et la tristesse. Ce qui m’intéresse, c’est de savoir comment tu te positionnes par rapport à la violence en littérature ; quel est ton point de vue sur ce goût littéraire pour le dérangeant et le sulfureux ? Tu rejoins, justement, l’idée de Poppy sur la « poésie de la violence » ?
Évidemment, la poésie de la violence, l’esthétique de l’horreur, sont des choses qui m’attirent, me fascinent. Mais la violence de Dans les Veines participe aussi à un processus réflexif impliquant le lecteur. Lorsqu’on achète un livre de vampires, généralement, c’est parce qu’on recherche — de manière plus ou moins consciente — deux choses : du cul et de l’hémoglobine ! Le vampire connaît cette success story car il mélange très naturellement les deux.
Dans les Veines ne se fout pas de la gueule du lecteur à ce niveau là. Le bouquin comble ses attentes malsaines à l’excès, jusqu’à la nausée, jusqu’à renvoyer au lecteur son propre voyeurisme. On m’a plusieurs fois reproché la surenchère de gore, et le côté parfois un peu série B qui en découle. Mais tout ceci est assumé. Le vampire tue pour survivre ; un livre de vampires devrait intrinsèquement être insupportable et c’est que je tente de signifier… Marre du vampire aseptisé !

On sait ta passion pour Gudule et Poppy Z. Brite, mais je serais ravi que tu en parles plus précisément. Ton roman culte de Gudule ? Ce que tu as ressenti quand tu as découvert Âmes Perdues ou Le Corps Exquis (les deux Poppy qui me semblent innerver la matière de Dans Les Veines) ?
Pour Gudule, sans hésitation Entre chien et louve, et Mon âme et une porcherie, que j’aime à égalité. Gudule est vraiment barrée, et ce qu’elle écrit ne ressemble à rien de connu. J’apprécie l’humour noir qu’elle arrive à dégager des histoires les plus glauques.
Quant aux deux romans de Poppy que tu cites, chacun d’eux a été une révélation. Je les ai découverts à la fin de mon adolescence et ils possèdent toutes les qualités que je recherche dans un bouquin. Comme s’ils avaient été écrits juste pour moi. Âmes perdues est mon livre de chevet — d’ailleurs ma version est tout abîmée à force de le relire — et Le Corps Exquis ma Bible de l’horreur et de la déviance.

Après avoir synthétisé ce que devait être la figure du vampire pour toi, dans le projet Dans Les Veines, pourrais-tu me parler d’autres figures littéraires du vampire qui ne rejoignent pas celle que tu développes dans ton roman, mais qui touchent tout de même ta sensibilité ?
J’aime l’idée d’un vampire issu des peurs de l’inconscient collectif dans la Trilogie Timmy Valentine de S.P Somtow, ou bien la fragilité de Carmilla, dans l’œuvre de Sheridan Le Fanu, qui se sert de la gentillesse de ses hôtes pour survivre. Le vampire qui cherche à obtenir le droit de vote et qui est victime de l’intolérance, la même que celle exercée envers les homosexuels ou les Noirs, dans True Blood, me parle aussi.
Mon vampire préféré reste cependant Lestat, car il est la quintessence du vampire romantique, tout en parvenant à conserver une part très sombre (du moins, dans les premiers livres d’Anne Rice).

Tu crois que le vampire a vraiment adopté toutes les formes humainement concevables en littérature, ou qu’il peut encore nous réserver des surprises, à l’avenir ?
J’ai lu des nouvelles où le vampire était un chat, une pierre ou un collier alors, plus rien ne m’étonne… Mais je ne doute pas que quelqu’un, dans les années qui viennent, parviendra à révolutionner le genre une nouvelle fois. L’évolution du vampire sera infime, certainement, mais entrainera un nouveau courant, comme Buffy et Anita Blake ont lancé la mode Bit-Lit. Peut-être le changement passera-t-il par l’environnement du vampire ou le genre de littérature, et non par ses caractéristiques. Le vampire pourrait devenir, au hasard, un héros récurrent de Hard SF, qui sait, ou une figure R’N’B ?

Pourrais-tu revenir un peu sur la naissance du projet, la période de rédaction et la bonne nouvelle de la publication ?
Cela faisait un moment que je n’avais pas lu un roman de vampires qui me satisfasse totalement. J’ai donc décidé de le créer de toutes pièces. Un livre qui serait un patchwork des thématiques qui me sont chères… Comme je n’avais jamais rien écrit jusque-là, l’apprentissage rédactionnel fut ardu, et j’avoue que les premiers jets étaient très maladroits. Je les ai donc réécrits, jusqu’à ce qu’ils me paraissent assez satisfaisants pour les proposer à un éditeur. Cela m’a pris trois ans. Faire publier un premier roman de Terreur, aussi gore que celui-là, ne fut pas une mince affaire. Le risque éditorial, déjà très important avec un premier roman, se retrouve décuplé à cause du contenu choquant du bouquin. Quelque part, il faut un certain cran pour assumer ce texte, et je remercie Mnémos d’avoir parié sur moi. L’engouement général pour les vampires, contrairement à ce que l’on peut croire, ne m’a pas aidée. Les directeurs de collection en reçoivent tous les jours, et ils en sont lassés. Beaucoup d’éditeurs ont loué mon travail mais ont estimé que ce n’était pas pour eux. Alors quand mon éditrice — la super Charlotte Volper — m’a annoncé qu’elle prenait Dans les Veines, vous n’imaginez pas ma joie. Cela faisait un an que je me battais pour que mon texte soit publié par une maison sérieuse, avec une bonne distribution.

Comment as-tu pensé l’incursion de la satire bit-lit dans le roman ?
Le phénomène a le don de m’agacer, et je n’ai pu m’empêcher de réagir de manière moqueuse. Ainsi, Damian a toutes les apparences du gentil vampire de Bit-Lit (sensible, torturé, ténébreux, beau gosse), et jusqu’au bout, le lecteur et l’héroïne espéreront qu’il en soit un. Je reprends certains petits détails de Twilight — il s’introduit dans la chambre de l’héroïne la nuit, il a peur de trop l’approcher et de la tuer par mégarde, et il s’attache à elle car elle ressemble à son premier amour, une constance dans les récits de vampires depuis la série TV des années 60, Dark Shadows. Mais je pense que la plupart des lecteurs y verront une allusion à The Vampire Diaries et c’était l’effet recherché. Je détourne ces codes du gentil vampire acceptés par l’inconscient collectif, pour mieux faire ressortir la cruauté de Damian.

Tu prends aussi en dérision les vampyres, par petites touches. Tu portes un regard aussi sceptique sur les communautés comme les Hidden Shadows ? Pour toi, le vampire est un pur être de fiction, une entité littéraire, qu’on ne saurait mélanger à la vie réelle ?
Oui, pour moi, c’est inconcevable de croire que l’on est vraiment un vampire, avec un réel besoin de sang pour survivre. J’ai un trop grand respect pour ces créatures pour même penser à me faire poser des crocs, bien que je comprenne que des gens ressentent cette envie. Quand j’ai écrit le roman, je n’avais jamais rencontré de vampyres, j’avais juste vu le reportage de Laurent Courau. C’est chose faite à présent. Father Sebastiaan, qui est quelqu’un de très sympathique, m’a expliqué sa philosophie que je respecte. Ce ne sont pas des allumés mais des gens venus de tous les milieux qui se regroupent autour de leur fascination pour le vampire pour vivre pleinement leur passion et parfois leur sexualité.
Dans le roman, j’ai choisi de parler avec humour d’un groupe de vampyres sanguins (en opposition aux vampyres psychiques), qui sont plus des fétichistes du sang et des fans d’Anne Rice que des adeptes de la philosophie de Father Sebastiaan. C’est un groupe isolé et fictionnel, qui se prend un peu trop au sérieux et illustre certaines dérives. Leur présence fait du bien au bouquin et apporte un peu de légèreté dans toute cette noirceur.
Quant aux Hidden Shadows, qui sont, si je me rappelle bien, des blacks et des portoricains de Harlem adeptes des sports de combat, je ne les connais pas, mais il me semble que c’est encore autre chose. Le déguisement de vampire — tirant vers une image à la Blade — est alors un moyen original et inquiétant de se faire respecter dans la rue. Pourquoi pas…

Tu publies un roman vampirique, excellent, et tout et tout… mais on ne parle plus que de vampires. Moi, un autre point m’a paru très important, outre le vampire : bel et bien celui de la langue, du style. Ce goût de l’oralité, ce jonglage permanent entre les points de vue qui impliquent de nouvelles ressources langagières. Si le vampire est un hybride, entre mort et vivant, monstre et humain, la langue semble alors épouser cette hybridité, et participer de la propulsion du livre au rang d’objet… « baroque » : les styles que tu as choisis sont-ils pulsionnels ? Respectent-ils l’état d’esprit qui était le tien pour te lancer dans la rédaction d’une scène particulière ?
J.F est le seul personnage qui fait changer le style du roman lorsqu’on adopte son point de vue, car c’est celui qui me touche le plus. Malgré ses défauts, son machisme, sa cruauté, il reste le plus humain du lot, le plus entier. Quand il parle, j’adopte une façon de rédiger plus orale, directe, pour que l’on soit obligé de se rapprocher de lui —même si on n’en a pas forcément envie, car c’est quand même une belle enflure !
La variation dans l’écriture s’explique aussi par le fait que Dans les Veines est la rencontre du gothique décadent et du punk. Le gothique étant associé à l’aristocratie, à un personnage comme Damian, et le punk étant lié au prolétariat et personnalisé par J.F, il me fallait jongler entre deux styles : l’un presque précieux, imagé, très écrit ; et l’autre cru, vulgaire, grossier, pour bien représenter ces deux mouvements.
Peut-être était-ce également l’envie de montrer que ce n’est pas parce que je suis une petite nana que je ne peux pas écrire de manière burnée.

Et l’oralité en littérature… pour toi, est-ce ce qui permet d’épouser la plasticité de la langue, et de faire évoluer le paysage littéraire ?
Bien sûr. La langue écrite est figée, alors que la langue orale est en évolution constante. Réinventer la langue, la pimenter d’argot des années 70 et de constructions bizarres, c’est quelque chose qui m’intéresse, et que j’ai un peu expérimenté avec J.F. Je pense pousser dans cette voie dans mes prochains projets.

Les éléments gore sont particulièrement maîtrisés. Tes influences principales dans le genre (littéraires comme cinématographiques) ?
En littérature horrifique, il y a Poppy Z. Brite et Gudule précédemment citées, mais aussi les traumatisants Jack Ketchum, Graham Masterson et Clive Barker. Des livres d’auteurs plus généralistes mais tout aussi déviants m’inspirent beaucoup : Les Garçons sauvages (William Burroughs), Lolita (Nabokov), Closer (Dennis Cooper) et bien sûr, Les 120 journées de Sodome du Marquis de Sade. J’aime aussi beaucoup, parmi les auteurs français, Thibault Lang Willar (Un fauteuil pneumatique rose dans une forêt de conifères), Virginie Despentes et Sire Cédric.
Niveau cinéma de genre, je suis une grande fan du travail de Dario Argento, Gregg Araki, David Cronenberg, Nicolas Winding Refn (gros coup de cœur pour Drive), Lucky McKee, Takashi Miike (Ichi the Killer) ou Gaspard Noé et Pascal Laugier (Martyrs) pour la France. Si je ne devais emporter que cinq films avec moi sur une île déserte équipée d’une télé et d’un lecteur DVD (chose assez improbable j’en conviens), ce serait : Blade Runner de Ridley Scott , The Doom Generation d’Araki, Morse de Tomàs Alfredson, Portier de nuit de Liliana Cavani et La Nuit du chasseur de Charles Laughton.

Les lecteurs d’Obsküre seront sans doute très intéressés par l’omniprésence de la musique dans le roman. On aura sûrement l’occasion d’en parler de manière plus approfondie, à l’avenir, mais cédons quand même à la tentation, pour l’heure : new wave, cold wave, post punk… les musiques goth semblent faire partie intégrante de la substance littéraire de Dans Les Veines (outre le punk, avatar musical de J.F.). Dirais-tu que le roman est en partie né de ces musiques-là ? Et quels sont les groupes que tu as le plus écoutés quand tu écrivais ?
Ce qui m’inspire pour écrire, c’est surtout les mélodies au synthé éthérées et mélancoliques — des morceaux comme Louise, de Clan of Xymox, Papillon des Editors, Pretty Day de Marie Möör, Victory of Love d’Alphaville, Autumn wounds de  Soror Dolorosa, Invitation d’Opéra de Nuit, la Mort de Cyrielle de Malaise Rouge ou Direct Lines d’Electronic Circus, etc. La musique post-punk m’a aidée à visualiser une ambiance et à la retranscrire, pareille à une séquence de film avec le morceau en fond. Cela donne un roman triste, sombre, et très eighties. Dans le bouquin lui-même, je cite des morceaux un peu plus rythmés, batcave ou horror punk, car J.F. est un excité.

Il y a, paradoxalement, une possibilité de s’attacher mêmes aux personnages les plus abominables ; en tant qu’auteur, on dirait que tu as choisi de mettre tes idées personnelles de côté, et de ne vraiment juger aucun de tes personnages. Je me trompe ?
En tant que personne, je n’ai jamais jugé quelqu’un par rapport à ses déviances. Alors je ne vais pas commencer à le faire dans mes romans… Pour moi, mes personnages sont tous malades, et donc pas vraiment responsables de leurs actes, aussi affreux soient-ils. Leur seul tort : la faiblesse, celle de céder à ses pulsions au lieu de les réprimer.

Écrire Dans Les Veines, le retravailler avec un gros éditeur… tout ça forge la plume. Comment tu abordes tes futurs projets ? Tu te sens un meilleur écrivain, aujourd’hui ? Et pourrais-tu dire quelques mots de ce que tu prépares pour la suite ?
Avant Dans les veines, je n’étais pas un écrivain du tout. J’ai commencé à taper des mots sur un fichier Word parce qu’il fallait que mes personnages, J.F, Lily, Damian,… sortent de ma tête. Je ne pouvais pas les garder en moi indéfiniment, ils sont du genre corrosif, à te bouffer la cervelle… Du coup, c’est évident que je suis une meilleure écrivain à présent, puisque mon premier roman m’a tout appris. Mais le bouquin ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui sans mon éditrice, Charlotte Volper. Elle m’a fait retravailler ses faiblesses, élaguant le trop plein et me demandant de rajouter où cela manquait. J’ai eu beaucoup de chance de tomber sur elle, et j’ai appris énormément à son contact.
Dans les mois et les années qui viennent, j’espère voir aboutir plusieurs de mes projets, le premier étant un fausse suite à Dans les veines, dérangeante à souhait. Je compte bien en faire quelque chose de plus original. Dans les Veines, ultra référencé, était mon tribut au genre, et il est très marqué par ses codes. J’ai également deux nouvelles qui ont été choisies pour figurer dans une anthologie sur la vie après la mort aux éditions l’œil du Sphinx, qui sortira courant 2013 probablement. L’une est une variation sur le thème de Peter Pan, et l’autre met en scène deux personnages de Dans les Veines, dans un texte inédit. Spécialiste du vampire (autant que faire se peut), je me lance aussi dans la recherche. Mon essai, Le Vampire en Louisiane : Une métaphore du malaise sudiste, abordera le buveur de sang d’une manière inédite et sortira, si tout se passe bien, d’ici quelques mois. Préfacé par Jean Marigny, le bouquin décortiquera les livres d’Anne Rice, Âmes perdues, ou la série TV True Blood.

> SORTIE
– Morgane Caussarieu – Dans les Veines (Mnémos, 2012)
> WEB OFFICIEL

https://morganecaussarieu.wordpress.com/

Couverture du livre : Bastien Lecouffe Deharme (http://tyrellcorporate.blogspot.fr/)

Interview sur Actu sf

18 jeudi Oct 2012

Posted by morganecaussarieu in interview, news

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ITW Morgane Caussarieu

aux édition Mnemos

Genre : Fantastique
Sous-genres :

  • Vampire

Auteurs : Morgane Caussarieu
Date de parution : octobre 2012 Inédit
Langue d’origine : Français
Type d’ouvrage : Interview mail

Lire tous les articles concernant Morgane Caussarieu

Morgane Caussarieu vient de signer un excellent premier roman sur les vampires, violent, déjanté et rock ’n’ roll…

Actusf : Parlez-nous un peu de vous. Quel est votre parcours littéraire ? Quels sont vos auteurs préférés ?
Morgane Caussarieu : Je ne sais pas si on peut parler de parcours littéraire ; je n’ai strictement rien écrit avant Dans les veines. Je viens d’une formation cinéma, et j’ai appris à écrire très tard, pour exprimer sur le papier des images visuelles qui me semblaient fortes. Dans les veines est construit comme un film, en séquences, et emprunte beaucoup au cinéma de genre.
Niveau littérature, mes maîtres à penser sont Jack Ketchum et Poppy Z. Brite. J’admire aussi énormément le travail de Gudule.
Actusf  : Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ?
Morgane Caussarieu  : Cela faisait un moment que je n’avais pas lu un roman de vampire qui me satisfasse totalement. J’ai donc décidé de le créer de toute pièce. Un livre qui serait un patchwork des thématiques qui me sont chères… Depuis l’adolescence, je trainais en moi ces personnages de vampires dépravés. Ils ne demandaient qu’à sortir et à exister.
Actusf  : Comment est née l’idée de Dans les Veines ?
Morgane Caussarieu : L’élément déclencheur, c’est le succès de Twilight auprès de la population adolescente. J’ai voulu répondre en revenant à une histoire de vampire très sombre comme on savait les faire dans les années 70-90. Des vampires qui ne seraient pas des puceaux de 100 ans végétariens, jouant les boules à facettes quand on les pose au soleil…
Actusf  : Pourquoi avoir écrit sur les vampires ? Comment avez-vous abordé cette figure du fantastique sur laquelle on a tant écrit ?
Morgane Caussarieu : J’ai écrit une histoire de vampires tout simplement parce que c’est un être qui m’obsède et me passionne, depuis que j’ai dévoré Entretien avec un vampire, à 8 ans. J’essaye de lire et de visionner toutes les œuvres qui le mettent en scène (autant que faire se peut, la tâche est impossible). Forte de cette culture « vampiresque », je me suis sentie plus légitime pour m’attaquer à ce sujet. Comme j’ai estimé que tout avait plus ou moins été fait, je n’ai pas cherché à créer un personnage radicalement différent à tout prix, mais j’ai choisi d’écrire un vampire post-moderne, un vampire qui a lu et vu les mêmes œuvres que moi, qui les a digérées et qui s’en inspire, ou les détourne.
Actusf  : Vos vampires sont violents, et pas qu’un peu. Et l’une des choses sans doute les plus dérangeantes c’est la présence d’un enfant vampire qui a une sexualité. Qu’aviez-vous envie de faire ? De pousser le lecteur dans ses retranchements ? Y’a-t-il des limites que vous vous êtes imposées ?
Morgane Caussarieu : Dans les veines appartient au courant littéraire splatterpunk, et ce courant n’est pas réputé pour épargner son lecteur. Lire ce genre de littérature, c’est rechercher des sensations fortes en se confrontant à des actes et des personnages révoltants. Un enfant vampire avec une sexualité, ce n’est pas forcément pour choquer, c’est surtout logique. L’éternel thématique de l’adulte sexué coincé dans un corps asexué qui ne grandit pas. Je suis juste allée au bout de la transgression, sans m’imposer de limite. Ce n’est pas trop mon truc, les limites…
Actusf  : Parlez-nous de votre héroïne Lily. Comment la voyez-vous ?
Morgane Caussarieu : Tout d’abord, je dois préciser qu’elle n’est pas vraiment l’héroïne du roman. Les voix des vampires prennent autant de place que la sienne dans la narration. D’ailleurs, Lily n’apparaît dans le récit qu’au cinquième chapitre.
Par certains côtés, à 15 ans, je lui ressemblais beaucoup. Manque de confiance en soi, haine des autres et de soi-même, désir d’évasion qui passait par une fascination pour le morbide… Peut-être est-ce parce qu’elle me ressemble trop que je ne la ménage pas au fil des pages. Mais Lily, c’est surtout une anti-héroïne. D’accord, elle a cette fraicheur naïve, cette capacité à tomber amoureuse au premier regard qui caractérise souvent l’héroïne adolescente de Bit-Lit, mais à côté de ça, elle est autocentrée et mesquine, dénuée de conscience morale, attirée par l’autodestruction, et ne parvient à surmonter ses problèmes qu’en se réfugiant dans la drogue et la musique. Lily aurait pu, dans d’autres circonstances, faire partie des ados meurtriers du lycée de Colombine… Mais tous ses défauts sont excusables si l’on considère ce par quoi elle est passée. C’est un personnage brisé, en souffrance permanente. Elle cristallise la crise adolescente, son malaise. Je la trouve touchante dans son imperfection. Très humaine.
Actusf  : Est-ce que l’on peut dire que Dans les Veines est aussi un roman sur l’adolescence ?
Morgane Caussarieu : Pour moi, devenir vampire, c’est ne jamais devenir adulte, rester bloqué au Pays de Nulle Part. Mes nosferatus ne savent que s’amuser et faire la fête, fuir les responsabilités ; ils n’ont pas d’impôts à régler ou de travail auquel se rendre tous les jours. Une existence de rêve pour un ado, quoi. Le vampire représente la quintessence de la liberté, la possibilité de ne jamais avoir à affronter le monde adulte.
Par ailleurs, à travers mes personnages de vampires et leur soif d’hémoglobine, j’essaye de traiter l’addiction sous toutes ses formes : aux drogues, à l’amour, à la bouffe… Ce genre d’excès touche particulièrement les ados. Les vampires les plus hardcore comme J.F. sont des boulimiques du sang, ils l’avalent à s’en faire vomir, ne sont jamais rassasiés, ne vivent que pour l’ingérer, maladivement. D’un autre côté, Damian a plutôt un comportements anorexique. Lui s’amuse à jeuner et se plaît à ressembler à un squelette. L’addiction, et ces effets sur le corps, la détérioration qui en résulte, est un thème que l’on retrouve à travers tout le roman.
Actusf  : Un petit mot sur l’interconnexion entre les vampires et le monde « underground » (je mets plein de guillemets…) notamment musical. Une évidence pour vous ?
Morgane Caussarieu  : Le vampire est une créature en marge, un exclus. Dans les eighties, il était parfait pour évoquer les punks, c’est pourquoi la connexion entre le vampire et l’underground dans l’inconscient collectif a été faite à cette époque là. Bela Lugosi’s Dead chante le groupe Bauhaus, pour signifier la mort de l’amateur d’hémoglobine dandy… suivant cette idée, mes vampires sont des junkies qui vivent dans des squats en écoutant de la musique batcave, plutôt que des bourgeois drapés de capes suçant la moelle de la classe ouvrière.
Actusf : Quels sont vos projets ? Sur quoi travaillez-vous ?
Morgane Caussarieu : Je travaille actuellement à écrire une sorte de fausse suite à Dans les veines, qui s’éloignerait complètement des codes du roman de vampire. Un livre qui serait plus centré sur l’enfance que l’adolescence.
À par cela, deux de mes nouvelles ont été choisies pour figurer dans une anthologie sur la vie après la mort aux éditions l’œil du Sphinx, qui sortira courant 2013 probablement. L’une est une variation sur le thème de Peter Pan, et l’autre met en scène deux personnages de Dans les Veines, dans un texte inédit.

Jérôme Vincent

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