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Les gentils vampires n'existent pas

~ Le blog de l'écrivaine Morgane Caussarieu

Les gentils vampires n'existent pas

Archives de Catégorie: dossier

Littérature vampirique incontournable, jamais traduite en français

31 mercredi Mai 2017

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Petit aperçu de 4 livres américains qui ont marqué ou marqueront l’histoire du vampire mais n’ont jamais été traduits en français, pour des raisons qui n’ont rien à voir avec leurs grandes qualités littéraires.

The delicate dependency, Michel Talbot

514OEHY31cL._SY344_BO1,204,203,200_Ecrit en 1982, la première édition de ce roman est introuvable, même en anglais, jusqu’à sa republication en 2014 par Valancourt books.  Le livre est pourtant souvent cité aux USA comme l’un des meilleurs récits de vampire jamais écrit. Et je confirme. Je me le suis procuré sur les précieux conseils d’Adrien « Mr Vampirisme.com » Party, qui tenait le tuyau de Jean-Daniel Brèque.

Londres, sous le règne de Victoria. Après la mort de sa femme des suites de la grippe, le docteur Gladstone vit seul avec ses deux filles et se plonge à cœur perdu dans la recherche, inventant une souche mutante du virus qui a emporté son aimée. Une nuit, il renverse un beau jeune homme, qu’il lui semble avoir déjà vu enfant. Il l’avait pris pour un ange. Il l’accueille chez lui pour le soigner, et réalise bientôt qu’il a vraiment affaire à une créature surnaturelle, qui le charme lui tout autant que ses filles, et semble très intéressé par ses recherches.

Chez Talbot, plus que de vulgaires suceurs de sang, les vampires sont des immortels alchimistes, et forme une société secrète, celle des Illuminatis, qui garde jalousement ses découvertes et technologies avancées, en préservant l’histoire dans leurs maisons musées, veillant sur la race humaine dans l’ombre. Ils collectionnent dans leurs rangs les êtres exceptionnels, aux talents rares, des autistes savants, des beautés, ou des génies. Le summum de l’élitisme. Friands d’énigmes et de puzzles, affreusement manipulateur même si non meurtriers, ils sont fascinants. Le narrateur sera leur jouet, et devra, comme le lecteur, déjouer leurs nombreuses machinations, leurs jeux sadiques, à la manière d’un Sherlock Holmes, sombrant dans la paranoïa la plus totale. « Ne faites jamais confiance à un vampire » le prévient l’angélique Niccolo au début du livre, et cela s’avérera un conseil des plus judicieux.

J’ai dévoré le livre en trois jours, il m’a procuré des émotions voisines au Voleur de Voix, cette trilogie québécoise, où un vampire fou enlève les grands chanteurs d’opéra à travers l’histoire. J’ai trouvé chacun des personnages finement ciselé, la mythologie est riche, très originale par moment , et on ressent profondément ce que signifie être immortel, avoir des perceptions supranormales, former une société à part de la race humaine. C’est sûrement l’une des excursions les plus réussies dans l’esprit d’un vampire. Michel Talbot écrit vraiment bien et enchaîne les retournement de situations, la tension est à son comble jusqu’aux révélations finales, certaines renversantes et particulièrement machiavéliquement amenées. L’auteur semble aussi érudit que ses personnages : le bouquin fourmille de détails sur la société victorienne, et sur plusieurs pans de l’histoire de Charlemagne aux Médicis.

S’il reprend le thème de Carmilla en incipit, (un joli vampire apparemment inoffensif qui s’introduit dans la maison d’un notable après qu’il l’ait sauvé d’un accident pour s’attaquer ensuite à sa fille), ou bien celui de la nouvelle du comte Steinbock (où le vampire vole l’enfant prodige à son père), on sent surtout l’influence d’ Anne Rice par rapport à la beauté de certains personnage, leurs sens surdéveloppés qui permettent de magnifier le monde, leur aura, ou leur propension à collectionner œuvres d’arts et bien matériels. Mais au final, c’est elle qui s’est nourrie de The Delicate Dependency en retour pour l’écriture de Lestat le vampire, sorti quelques 3 ans après sa publication, notamment concernant le personnage de Marius, mélange du Lodovico de Talbot, maître vampire florentin avide de connaissance et de son Des Esseintes, prêtre et alchimiste gaulois. Son Niccolo a aussi très certainement influencé la redéfinition du Armand de Rice, présenté dans Lestat le vampire comme un chérubin, un jeune homme d’à peine 17ans. (Son âge n’est pas mentionné dans Entretien avec un vampire). Tout comme Niccolo pour Léonard de Vinci, Armand a posé pour le peintre Marius, qui le représenta sous forme d’un ange. Autre similitude, à l’instar du Docteur Gladstone, Lestat part à la recherche de l’histoire des vampires et rencontre des grands anciens. The delicate dependency se présente donc comme le chaînon manquant entre Entretien avec un vampire et Lestat le vampire, peut-être même aura-t-il poussé Anne Rice à écrire cette suite presque dix ans après. Un grand malheur que l’œuvre de Michel Talbot n’ait jamais été traduite et soit restée rare aussi longtemps en anglais. Si j’étais mauvaise langue, j’aurais tendance à dire que ce fait aura bien arrangé Anne Rice…

The Light at the End, John Skipp et Craig Spector

lightÉtiqueté « splatterpunk », ce roman me faisait de l’œil depuis un moment déjà. Et bien je n’ai pas été déçue de cet effrayant voyage dans les méandres du métro New-yorkais. Il a été écrit à deux mains, par deux trublions musiciens, scénaristes, qui sont notamment aussi responsable de la novelisation de Fright Night.

S’il est inconnu en France, The Light at the end a certainement eu une grande place dans l’histoire du suceur de sang au cinéma et en littérature. Paru en 1986, c’est à dire 2 ans après Vampire Junction, et un an après Lestat le Vampire, il met en scène le prétentieux, et narcissique Rudy Pasko, street artist nihiliste au look new wave et aux cheveux peroxydés récemment devenu vampire. Ravi de faire parti du monde des ténèbres, celui-ci saigne New York jusqu’à la lie. Un groupe de geeks fans de cinéma bis, menés par Joseph Hunter, un type qui se prend pour un justicier, et Armond Hardocian, vieillard rescapé des camps, fera tout pour l’arrêter.

Rudy Pasko fait donc partie de ces vampires littéraires surfant sur la vague post-punk. Mais c’est lui qui y va le plus franchement, précédant l’Âmes Perdues de Poppy Z Brite, avec qui il partage de nombreuses similitudes, l’écriture vénéneuse en moins. Il aura peut-être inspiré, de par son look et son attitude, David et Severen de Génération perdue et Aux Frontières de l’Aube, sortis l’année d’après en 87. Et bien évidemment Spike de Buffy.

Il semblerait même que The Light at the End soit une sorte de premier brouillon de The Strain (écrit à deux mains aussi, pour l’anecdote), de par l’infestation de vampire dans New York, la place qu’y occupent les sous-terrains du métro, l’équipe de bras cassés venue de tout horizon qui s’improvise chasseurs, et la présence du maître vampire dans un camp de concentration.

Malgré quelques incohérences un peu dérangeantes (comportement des personnages irresponsables ou illogiques) le livre reste surprenant, les personnages sortent des rôles classiques qu’ont leur attribut au début, le sous-fifre Stephen ne deviendra pas le Renfield de Rudy, et la gothique fan de vampire ne sera pas changé en sa Reine de Ténèbres. Rudy Pasko, présenté comme le big bad wolf, s’en prend plein le museau, et est humilié à chaque fois qu’il fait le malin, ce qui dote le livre d’une bonne dose d’humour. Il a aussi une vraie portée post-moderne, puisque Rudy tire des enseignements de la lecture d’Entretien avec un vampire, et fais un massacre dans un cinéma devant le film Gore Feast.

C’est aussi assez plaisant de se replonger en ce temps où les téléphones portables n’existaient pas et où les chasseurs de vampires communiquent à coups de bipeurs et de cabines téléphonique. Tout une partie de l’intrigue repose même là-dessus. Bref, si vous lisez l’anglais, c’est un indispensable dans votre collection !!!

Enter, night, Michael Rowe

41QspSWDR9L._AC_UL320_SR208,320_Tout le monde revient à Parr’s Landing, petit village minier enclavé et réac dans le nord du Canada. Cristina Parr est obligée de rentrer dans sa ville natale avec sa fille unique après la mort de son mari. C’est bien malgré elle qu’elle quitte Toronto pour affronter sa belle mère, l’affreuse Adeline Parr qui règne en tyran sur la région. Mais arrive aussi le tueur maniaque Richard Weal qui se prend pour un vampire depuis qu’il a fait des fouilles archéologiques sur un site indien vingt ans auparavant dans les environs de Parr’s landing. Il est bien décidé à excaver l’horreur qui se terre dans les sous-terrains de la mine, monstre anthropophage que les indiens nommaient wendigo.

Roman canadien de 2011, Enter, night, se situe entre Salem de King et Necroscope de Lumley. Salem, parcequ’avant tout on s’intéresse à la vie du village, à ses habitants, à leurs secrets, et aucun n’est à l’abri de revenir d’entre les morts dévorer ses proches, et que l’histoire se passe dans les seventies, ce qui explique l’esprit étroit ambient. Necroscope pour le vampire enterré que son terrible fidèle vient libérer.

Même si Rowe explore des sentiers maintes fois rebattus, que ses personnages sont tous des archétypes, il le fait avec un charme désarmant pour un premier roman, et dès les premières pages on est happé par l’histoire pour ne plus la lâcher. Rowe est un formidable conteur et chaque personnage, très sympathique, possède un background touchant, soigneusement mis en relief, que ce soit le plus jeune fils Parr, homosexuel, que sa mégère de mère a essayé de guérir à coup de torture dans un asile psychiatrique, Finnegan, jeune garçon solitaire ayant sa chienne pour seule amie, qui regarde avec passion Dark Shadows et tombe amoureux de Dracula après l’avoir découvert dans un comic book, ou Bill Lighting, l’indien professeur en anthropologie qui fut arraché à ses parents biologiques à 6 ans pour être christianisé violemment dans un orphelinat. Les personnages ont tous en commun le deuil, et s’ils sont marginaux, dans leur passé, on a essayé de les remodeler en ce qu’ils n’étaient pas.

Le véritable vampire n’apparait qu’à la 150ème page du roman, bien qu’il soit présent en sous-texte avant, dans le personnage d’ogresse d’Adeline Parr, dans le serial killer Richard Weal, ou dans la ville elle-même, qui étouffe ses habitants. Le suceur de sang est le mal incarné, est sujet aux métamorphoses monstrueuses (dents et ongles disproportionnés, ailes de chauve-souris) se répand par contagion, et possède de formidables pouvoirs psychiques d’illusions, de télépathie, qui sont ici fort bien exploités. Assez rare pour être souligné, Enter, Night introduit une chienne vampire, et le chapitre qui la met en scène est incroyablement émouvant et horrible à la fois, j’ai même versé ma petite larme quand l’animal marche au soleil pour épargner son petit maître de son appétit. Le jeune Finnegan perd son innocence et devient un homme en regardant l’amie qui l’a accompagné toute son enfance réduite en cendre. Là encore, on pense au Cujo de King. Soulignons également l’érotisme du roman, certains passages vampiresques sont chauds bouillants ! Le premier roman de Michael Rowe, hommage assumé au maître de la terreur, est un régal à lire. Un talent à suivre de prêt.

The Travelling vampire show, Richard Laymon.

traveling-vampire-showRichard Laymon aurait dû être une star de l’horreur au même titre que Jack Ketchum ou Dean Koontz. Pourtant, à cause de mauvaises couvertures, il n’a jamais totalement percé aux Etats Unis, mais il est pourtant célèbre en Angleterre et en Australie. La France est malheureusement également passée à côté de son talent. The travelling Vampire show est l’un de ses romans primé, et c’est par lui que je l’ai découvert.

En 1963, dans une petite ville américaine, on attend l’arrivée du cirque itinérant, pour voir la sublime Valéria, une vampire en captivité. Le spectacle aura lieu sur un terrain vague en dehors de la ville, qui possède une histoire macabre de meurtres et de disparitions. On suit trois adolescents pendant une journée, qui vont tout faire pour voir le spectacle bien qu’il soit interdit au moins de 18 ans.

The travelling vampire show est plus un roman à la Stand by me qu’un roman de vampire, il faudra attendre la toute fin de l’histoire pour en voir un. Mais le suspense fonctionne et on attend les dernières pages, lent cheminement vers l’horreur la plus totale. Les thèmes explorés sont l’amitié, le courage et l’éveil de la sexualité, une coming of age story qui pourrait paraître assez banale, mais de temps en temps, pour satisfaire au genre splatterpunk dont il est une figure de proue, Laymon distille des horreurs innommables sur le passé des trois personnages principaux. Malgré quelques redondances dans le style, et deux trois trucs assez improbables, je recommande fortement ce livre aux fans de King et Robert Mc Cammon.

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Dossiers, critiques…

30 mercredi Oct 2013

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Dossier :

Twillight la pudibonde au Nord et True Blood la dépravée au Sud

Dossier :

Une sangsualité vampirique transgenre en Louisiane

Critique film :

Aux Frontières de l’Aube de Kathryn Bigelow

Critique livre :

Riverdream, de George RR Martin, aux éditions Mnemos

Critique livre :

Le Vampyre de New york, de Charlie Huston, éditions Le Seuil

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Critique livre :

Rock Star vampire, de Yves Bulteau, Pandore, Le Pré aux clercs

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Critique livre :

Coldtown, de Holly Black, Black Moon, Hachette

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Critique livre :

Angemort, Sire Cédric, Le Pré aux clerc

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Critique livre :

Even Dead Things feel your Love, Mathieu Guibé, le chat noir

Critique film :

Balada triste de trompeta, de Alex de la Iglesia

Critique film :

La résidence, de Narcisso Ibanez Serrador

 

 

Une sangsualité vampirique transgenre en Louisiane

12 samedi Mai 2012

Posted by morganecaussarieu in article, dossier

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âmes perdue, entretien, gay, lesbienne, Louisiane, queer, sangsualité, transgenre, true blood, vampire

Une sangsualité vampirique transgenre en Louisiane

article de Morgane Caussarieu

publié sur la revue Ganymède, et sur Phénix web

Dans l’imaginaire américain, la Nouvelle-Orléans, c’est la capitale de la prostitution, de la luxure et de la dépravation. Un Amsterdam sudiste, qui obéit à ses propres lois ; patrie du vaudou et du crime, des bordels et des casinos, celle que l’on surnomme “City of Sins” est intrinsèquement porteuse de l’Eros et du Thanatos. Et si elle attire les touristes, elle appâte aussi les non morts : le Lestat de la célèbre Chronique des vampires d’Anne Rice (commencée en 1976 par Entretien avec un vampire) ainsi que le jeune gothique Nothing et sa bande de marginaux crasseux et cannibales, dans le traumatisant Âmes Perdues (1991) de la papesse de la littérature queer underground, Poppy Z Brite. Ces amateurs d’hémoglobine ont donc décidé de cacher leurs cercueils dans le bayou : marécages, maison de planteurs et alligators sembleraient offrir une équivalence acceptable aux forêts profondes, châteaux transylvaniens et aux loups. L’emménagement du vampire sur les berges du Mississippi se poursuit de nos jours encore avec le True Blood du génial Alan Ball, estampillée HBO et adapté des livres de Charlaine Harris.

Pénétration, succion, vierges effarouchées en nuisettes, canines érectiles, lèvres rouges et baveuses… Ce n’est un secret pour personne, surtout au XXIème siècle, la morsure du vampire possède un caractère érotique évident. Mais marqué par la dépravation de son environnement, le vampire de la Nouvelle-Orléans va cependant beaucoup plus loin que ses confrères, accumulant jusqu’à l’outrance inceste, pédophilie, homosexualité, sexualité de groupe et drogues, dans le seul but de briser les tabous de la puritaine Amérique.

La société sudiste est un monde à la sensualité débordante se réclamant paradoxalement de valeurs pudibondes castratrices ; la répression morale entrainant immanquablement le subversif, il n’est pas étonnant de constater que deux des œuvres vampiriques les plus déconcertantes en terme de déviance, soit celles d’Anne Rice et de Poppy Z Brite. L’influence que l’une a eu sur l’autre est presque palpable, et leurs œuvres s’imposent comme des références en matière de sexualité vampirique, redéfinissant les codes établis et créant un prototype de vampire ambivalent et ultra-sexué qui se retrouve dans True Blood. “Si j’osais un jeu de mot facile : Rice et Brite, voilà les deux mamelles de l’érotographie vampirique contemporaine [1]” s’amuse Jacques Finné, traducteur de Dracula.

En Louisiane, le vampire se permet donc d’être homosexuel. Peut-être est-ce parce que la culture gay est très implantée dans le Vieux Carré : il y a un quartier aux couleurs de l’arc-en-ciel à l’intérieur du quartier français, contenant les deux plus grandes boites gays de la Nouvelle-Orléans, le Bourbon Pub et Oz, ainsi qu’un bar, le Café Lafitte in exile, considéré comme le bar homosexuel le plus ancien des Etats-Unis. Ces établissements sponsorisent le tapageur Southern Decadence Festival, aussi appelé le Mardi-gras gay de la Nouvelle-Orléans.

Le vampire gay n’est cependant pas que l’apanage du Mississippi. En effet, bien avant Entretien avec un vampire, Carmilla initiait la jeune et innocente Laura aux amours saphiques, tandis que le héros vampire du Comte Stenbock, Vardalek, séduisait un jeune garçon, dans la courte nouvelle L’histoire vraie d’un vampire que l’on a souvent accusé de plagier Carmilla. Le comte Stenbock offre pourtant une version très moderne du vampire, dont Lestat fait écho de façon frappante, que ce soit dans la séduction, l’orientation sexuelle, la blondeur, ou l’amour de la musique.

Dans Le vampyre, premier roman à présenter un personnage de vampire mâle séduisant, il existe déjà une ambigüité dans la relation qu’entretient Lord Ruthven avec le jeune Aubrey, qui le suit avec fascination, bien que Ruthven affiche une préférence pour les femmes. “Cette figure du jeune homme admiratif, perverti par ses fréquentations, préfigure le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde notamment, mais aussi le paradigme de l’élève et du maître qui hante les romans de vampire [2].” souligne Estelle Valls de Gomis dans Le Vampire au fil des siècles. Au cinéma, dès Le bal des vampires de Roman Polanski en 1966, le jeune apprenti Alfred reçoit les attentions toutes particulières du fils du comte Korlock, blondinet efféminé, vêtu de dentelles, dont l’apparence aurait peut-être elle aussi, inspirée celle de Lestat.

Mais il est vrai qu’Anne Rice et plus tard Poppy Z Brite ont présenté les personnages de vampires gays les plus travaillés, originaux et charismatiques, justement en partie à cause de leur homosexualité, masculine la plupart du temps. En effet, les protagonistes d’Ames perdues et d’Entretien avec un vampire sont tous des hommes, et ne recherchent absolument pas la compagnie féminine, se suffisant à eux-mêmes. Encore plus que chez Rice, on ressent dans le roman de Brite que l’essence du vampire est mâle et ne peut être femelle, d’où la nécessité de l’homosexualité. Dans la mythologie qu’instaure Brite, les femmes ne sont là que pour donner la vie et meurent systématiquement lors de l’accouchement, donnant naissance à un bébé vampire, immanquablement de sexe masculin. Il est surprenant que des romancières donnent ainsi la parole aux hommes. Il est même évident, à la lecture de ces œuvres, que les deux femmes s’identifient beaucoup plus à leurs personnages masculins qu’à leurs personnages féminins. Née dans le corps d’une femme, Poppy Z Brite a beaucoup parlé de dysphorie de genre [Ndlr : terme médical désignant la transsexualité], tout en précisant qu’elle n’avait cependant aucun problème d’identité sexuelle [3].

Le fait que les vampires soient enclins aux penchant homosexuels pourrait s’expliquer par un rapport à la sexualité mal défini : si le buveur de sang est une créature sensuelle, il n’est pas ouvertement sexué, puisqu’il n’entretient pas de véritable rapports charnels avec sa victime, du moins, pas dans la plupart des textes fondateurs. “Le mythe est chargé d’excitation sexuelle, mais il n’est pas fait mention de sexualité. C’est du sexe sans organe sexuels, du sexe sans accouplement, du sexe sans responsabilité, du sexe sans amour – mieux encore, du sexe sans nom.” souligne James Twitchell, éminent spécialiste du vampire en Amérique [4].

« Si le buveur de sang est une créature sensuelle, il n’est
pas ouvertement sexué, puisqu’il n’entretient pas de véritable
rapports charnels avec sa victime »

La sexualité du vampire ne va pas, en apparence, plus loin que le stade oral, selon Freud, le stade enfantin, qui n’a pas encore atteint les organes reproducteurs, réitérant l’action de téter du nourrisson. Dans la plupart des œuvres phares du genre [5], le vampire n’est donc pas capable d’érection ; mais il n’en a pas besoin, car il semblerait être une érection à lui seul, théorie amusante que soutient Alain Roger dans son ouvrage Hérésie du désir. Comme le phallus, il doit se gorger de sang pour devenir plus fort, pour se boursoufler :

“Les yeux enfoncés et brillants disparaissaient dans le visage boursouflé. On eut dit que cette créature était tout simplement gorgée de sang [6].”

“ Le vampire est celui qui ne débande pas, même dans son cercueil, rigor cadaveris [7].”

Chez Carmilla, on retrouve aussi cette figure de l’érection. L’amour entre sa victime et la belle vampiresse aura beau être homosexuel, il semble adressé au pénis qu’elle incarne :
“Alors je vis une forme noire aux contours mal définis gravir le pied du lit et s’étendre rapidement jusqu’à la gorge de ma pauvre fille où elle s’enfla rapidement un instant pour devenir une grosse masse palpitante [8].”

Cependant, si la tête et les crocs sont phalliques, la bouche du vampire est un contenant qui accueille le liquide au lieu de le déverser. La sangsualité [9] du vampire est à la fois mâle et femelle, phallus et vulve, la figure tant redoutée du vagina dentata, ramenant à la Lilith mythique. Chez Anne Rice, on retrouve cette idée d’un buveur de sang, ni mâle, ni femelle, et en même temps les deux à la fois, avec des personnages principaux masculins, mais très efféminés ; Anne Rice confie à sa biographe, Katherine Ramsland : “J’ai toujours aimé les images androgynes. Que ce soit une belle femme habillée en homme dans un opéra ou le travestissement d’une rock star. Je vois l’androgyne comme un idéal [10].”

Par essence, le vampire serait donc une créature transgenre, posant, par sa simple existence, la question de son mode de reproduction. Au dessus des lois hétéro-normées de ce monde, le vampire est porteur de fertilité à lui tout seul, il n’a pas besoin de l’aide d’un partenaire pour se reproduire, puisque son sang le régénère lui-même et transforme l’hôte à qui il le transfuse. Il n’enfante pas, mais clone ou contamine. Un couple de vampires gays, mâle ou femelle, n’est donc pas condamné à la stérilité et en cela, il menace la norme de mariage hétérosexuel prôné par l’Eglise, menace l’utilité de la semence masculine et de l’utérus féminin, c’est pourquoi il doit être détruit, comme le seront Carmilla, Zillah, ou Lestat. L’homosexualité masculine est en ce sens encore plus intéressante que les amours saphiques puisque le mâle, en devenant vampire, acquière une caractéristique toute féminine : la capacité de donner la vie (ou la non-vie dans son cas).

« Chez Anne Rice, on retrouve cette idée d’un buveur de sang,
ni mâle, ni femelle, et en même temps les deux à la fois,
avec des personnages principaux masculins, mais très efféminés »

Si l’homosexualité est présente et tolérée dans les mœurs de la Nouvelle-Orléans, elle est pourtant sous-jacente et réprimée chez Anne Rice : les amours entre hommes sont platoniques, d’une part parce que l’appareil génital des vampires ne fonctionne plus et qu’ils ne peuvent vivre leur « sexualité » que par le sang, et d’autre part parce qu’ils n’éprouvent que très rarement le désir de sucer le sang des autres immortels, si ce n’est pour s’approprier leur puissance.

En outre, Louis, le héros d’Entretien avec un vampire, fuit ses attirances homosexuelles et rejette ses deux amants potentiels, Lestat et Armand, tour à tour. Louis, avant de devenir vampire, est un catholique exclusivement hétérosexuel. En devenant non-mort, il se met à détester Lestat, pour son cynisme et son sadisme, mais aussi peut-être pour sa bisexualité affichée. On notera d’ailleurs que le désir d’un homme pour un autre homme ne peut se concrétiser, dans les premières œuvres d’Anne Rice, qu’après le stade de la transformation en vampire : en effet, dans Lestat le vampire, le héros éponyme ne réalise son désir sexuel pour son meilleur ami Nicolas qu’après sa renaissance au monde de la nuit. Le tabou ne peut donc être transgressé que sous couvert du vampirisme, et il ne mènera à rien de bon : après que Lestat et Nicolas ont “consommé” (dans tous les sens du terme), Nicolas devient fou et fini par se suicider. L’homosexualité serait donc condamnée chez Rice, et ce dès le premier tome de la Chronique :

Le récit que raconte Louis est construit comme une fable, un conte duquel le journaliste et le lecteur — ou spectateur, puisque Entretien avec un vampire a été adapté au cinéma par Neil Jordan en 1994 — qui l’écoutent doivent tirer une morale. Cette morale pourrait se résumer ainsi : s’éloigner de la norme conduit au malheur et à la solitude puisque Louis a fait tout ce que la société puritaine interdit : meurtre, sexualité libertine et couple homosexuel adoptant un enfant, et cela s’est toujours retourné contre lui. Il prend soin de le préciser en montrant bien les conséquences : le feu des enfers, présent par trois fois, qui cherche inexorablement à le rattraper et dont il réchappe toujours par miracle pour commencer une nouvelle vie, toujours plus déviante. La première étape de sa vie est sa cohabitation avec Lestat en tant que couple gay dans la plantation, qu’il ne supportera pas, et à laquelle il mettra le feu. La seconde étape serait la longue période dans l’appartement de la rue Royale de la Nouvelle-Orléans ; le couple tente de se reformer en adoptant un enfant qui les soudera. Malheureusement, l’enfant (Claudia) se retourne contre ses parents et l’appartement est brûlé. C’est Lestat qui en pâtit le plus, puisqu’il est l’instigateur de la démarche homosexuelle. La rébellion et la folie de Claudia, justifiées en premier lieu par son incapacité à grandir, pourrait s’interpréter comme l’échec d’une éducation faite par deux hommes et donc, comme le plaidoyer contre l’adoption d’enfants par des couples gays. La troisième étape de la longue existence de Louis, est sa relation avec Claudia à Paris, une période de bonheur sans taches, puisque hétérosexuelle. Le malheur et le feu des Enfers apparaissent lorsque Louis tombe sous le charme d’Armand, et qu’il précipite Claudia vers une mort certaine, puisqu’Armand la fait assassiner par jalousie. Louis perd donc tout lorsqu’il cède à l’amour d’un homme.

Mais si le récit oral de Louis cherche à dégoûter, il y a un décalage avec les descriptions de la beauté et du charisme de Lestat et d’Armand dans le livre, et les images montrées par le film. Cette mise en scène flamboyante ainsi que la cinégénie des acteurs masculins principaux (Brad Pitt, Tom Cruise et Antonio Banderas) maquillés à leur avantage, produisent l’effet inverse et fascinent le spectateur. En témoigne l’exemple du journaliste, qui à la fin, n’a écouté que ce qu’il voulait entendre, puisqu’il veut devenir vampire au lieu d’en avoir peur. Il veut que Louis le morde, et il veut vivre avec lui.

“Prenez moi, c’est ce que je veux !” dit-il dans le film de Neil Jordan. Le discours d’Anne Rice, de confession catholique, est donc très ambigu en ce qui concerne le libertinage et l’homosexualité, condamné et magnifié à la fois.

Au contraire, Poppy Z Brite assume beaucoup plus son propos, et l’homosexualité de ses personnages est revendiquée sans détours et jamais regrettée. Si dans Entretien avec un vampire on restait dans l’implicite, Ames Perdues aborde la sexualité de façon frontale avec un vocabulaire cru, voire pornographique, que l’auteur, ex strip-teaseuse, manie néanmoins avec une certaine poésie naïve. Car chez Brite, la morsure n’est plus le remplacement de l’acte sexuel, elle n’en est que le préliminaire ou la conclusion, et le sang, le sperme et la salive se mélangent pour ne former qu’un seul élixir de vie. “Ces accouplements, elle les rend (volontairement ?) écœurants par la promiscuité où elle confine ses protagonistes – les copulations ne mêlent pas seulement des remugles de draps souillés, de sueur et de liquide séminal, mais s’y ajoute de la vomissure, du tabac refroidi, des joints divers, de la bière répandue, et… de la chartreuse mélangée aux effluves du chocolat ou du boudin [11].” commente Jacques Finné.

On notera qu’Anne Rice, qui n’est pas étrangère du tout à la littérature érotique puisqu’elle est l’auteur d’une série de romans très légers intitulée Les infortunes de la Belle au bois dormant, ose de plus en plus les descriptions homosexuelles au fur et à mesure de sa Chronique des vampires, l’apothéose étant atteinte dans Armand le vampire, qui raconte en détails les ébats du jeune mortel Armand avec son maitre Marius, dans la Venise du XVème siècle.

Chez Anne Rice, une relation homosexuelle grandit spirituellement pour qui la partage, même si elle se termine généralement dans les larmes : Louis apprend énormément au contact d’Armand et parle avec lui de spiritualité, de l’existence de Dieu et du Diable, et Lestat fait de même avec son ami mortel Nicolas (avec qui il entretient des rapports mal définis). Chez Poppy Z Brite, l’homosexualité tire vers le bas, enfonce dans la médiocrité et la marginalité. La relation qu’entretient le héros Nothing avec son mentor vampire, Zillah, est basée uniquement sur le plaisir charnel et ils n’échangent pratiquement jamais de paroles. L’amant de Nothing ne lui apporte rien, au contraire, il le fait sombrer dans la drogue, le sadisme destructeur, et l’éloigne des gens qui veulent l’aider. Pire, il oblige Nothing à tuer son ancien amant, le jeune éphèbe Laine. Mais cette relation déviante n’est à aucun moment condamnée, car c’est l’existence dont rêve le héros, et qu’au final, il est satisfait de sa situation, et adopte définitivement ce mode de vie qui semble lui convenir ; à défaut d’être moralement acceptable (puisqu’associée au meurtre et à la drogue), l’homosexualité est au moins décrite comme excitante.

Entretien avec un vampire est un tournant dans la littérature fantastique parce qu’Anne Rice a réussi ce pari qui semblait impossible : rendre le monstre humain, un être pareil à nous. Dans les écrits précédents ou dans les villages reculés d’Europe de l’Est du XVIIIème siècle, le vampire était parfait pour jouer le rôle de bouc émissaire, incarnant la peur de l’Autre. En Louisiane, le vampire est toujours l’Autre, ici l’homosexuel, mais il devient un Autre auquel on peut s’identifier. Si le discours d’Anne Rice paraît conservateur, elle nous offre cependant la possibilité de compatir avec un héros masculin qui aime les hommes, et en souffre.

Pour Jean Marigny, « Le vampire est désormais l’expression d’une révolte de l’individu contre une société devenue oppressive et qui est incapable d’apporter de solution aux problèmes qui le préoccupent [12]. »

Dans True Blood, encore plus que chez Anne Rice ou Poppy Z Brite, il est évident que les vampires sont le symbole d’une minorité exclue, Allan Ball s’engouffrant avec l’outrance qui le caractérise dans la brèche subtilement ouverte par Entretien avec un vampire. Une simplification sociologique voudrait que les films de vampires soient le reflet de notre temps et de nous-mêmes, et Ball l’a, semble-t-il, parfaitement compris.

« Le vampire rappelle le combat homosexuel, s’attirant les foudres de l’extrême droite, voire de la droite, liée aux valeurs chrétiennes »

Vamps et homos sont alors embarqués dans un même panier, celui du rejet et de la marginalisation. En se révélant aux yeux du monde et en cherchant à obtenir le droit de vote et à lutter contre la ségrégation dont il fait l’objet, le vampire rappelle le combat homosexuel, s’attirant les foudres de l’extrême droite, voire de la droite, liée aux valeurs chrétiennes. Dans le Sud profond, le combat est d’autant plus difficile car les suceurs de sang se heurtent aux esprits étroits des Rednecks et des bigots. Citons cette phrase du Sénateur Finch lors d’un débat télévisé : « Il ne faut pas donner le droit de vote aux vampires car leur sang transforme nos enfants en drogués et en homosexuels [13]. » Le vampire doit sortir du cercueil et non pas du placard, afin de forcer son intégration dans la société sudiste.

Le film My best friend is a vampire réalisé par Jimmy Huston en 1987 est le premier à mettre ouvertement en corrélation rejet des homosexuels et rejet des vampires, puisque les parents du héros croient que les changements qui s’opèrent en lui proviennent de son homosexualité et non de son vampirisme. De plus, les buveurs de sang sont ici non-violents et ne cherchent qu’à s’intégrer, tandis que les traque l’intolérant et bien nommé professeur MacCarthy. Des thèmes très proches de True Blood, donc.

Tout au long du show d’Alan Ball, vampires et gays sont intrinsèquement liés : d’ailleurs plusieurs vampires ont des penchants homosexuels. Le personnage de vampire gay le plus signifiant quant à la persécution des homosexuels est sans doute Eddy ; Allan Ball ne se gêne pas pour inverser les valeurs, et Eddy deviendra la victime d’humains qui le séquestrent et le torturent pour prendre son sang (le sang des vampires est un aphrodisiaque puissant). Tout change de place de façon perceptible, puisque le mort-vivant est ici un homme d’une quarantaine d’année bedonnant et trouillard, adepte des feuilletons télévisés et que ses tortionnaires sont un jeune couple sexy, Jason et Amy, la beauté étant d’ordinaire l’apanage des créatures de la nuit. D’ailleurs, Eddy dit à Jason que les gays sont censés lui ressembler – sous entendu, les vampires aussi [14].

La série est pétrie de clins d’œil « queer », rappelons que son créateur est gay lui-même : dès le générique, l’inscription « God hate Fangs » (Dieu hait les crocs) est montrée, un rappel du fameux (et honteux) « God hate fags » (Dieu hait les pédés) du mouvement de Westoboro Church, dont la Confrérie The Fellowship of the Sun pourrait être l’avatar. L’Eglise ressemble à ces mouvements baptistes d’ex-gays qui pensent pouvoir soigner l’homosexualité à coup de sourires éclatants, de discussions de groupe et de témoignages de ceux qui s’en sont sortis. En outre, dans l’épisode 7 de la saison 2, un des vampires à Dallas, appelle les humains « breeders » un terme péjoratif pour nommer les hétéros dans la communauté gay aux Etats-Unis. Le dernier épisode de cette même saison voit autoriser le mariage vampire/humain dans un Etat du Nord (plus laxiste), le Vermont, ce qui renvoie évidement à l’autorisation du mariage homosexuel.

Mais le vampire comme métaphore de l’homosexualité n’est plus là pour la dissimuler sous couvert du fantastique (comme c’était encore le cas chez Anne Rice). Les minorités gays sont visibles dans le show principalement avec Lafayette, drag-queen, prostitué et dealer extraverti, qui ne se cache pas derrière une paire de crocs. Lafayette fraye avec les vampires, et comme eux, doit subir les moqueries. Un groupe de Red-Neck refuse de manger un hamburger qu’il a préparé, sous prétexte que ce hamburger pourrait être porteur du virus du sida [15]. Le fait que le sida soit un virus du sang n’est pas anodin, car le vampirisme l’est également, transmis par rapports sexuels. L’homo sidéen et le vampire sont aussi contagieux.

De nos jours, le vampire louisianais revendique donc la culture gay en employant son vocabulaire et ce serait plutôt lui qui se dissimule derrière elle que l’inverse, preuve d’une certaine évolution des mentalités sudistes.

*****

Notes

[1] Jacques Finné, article Le sang n’est pas tout, la dimension érotique du vampire, dans l’anthologie Visages du vampire sous la direction de Barbara Sadoul, Edition Dervy, 1999, Paris.

[2] Estelle Valls de Gomis, Le vampire au fil des siècles, enquête autour d’un mythe, Cheminement, 2005, Paris, p. 93

[3] http://www.poppyzbrite.com, article du 22 Août 2003

[4] James Twitchell, The vampire myth, American Imago n°37, 1980, p. 88 traduit par Jacques Finné dans l’article Le sang n’est pas tout, la dimension érotique du vampire, dans l’anthologie Les visages du vampire, op. cit.

[5] La Chronique des vampires d’Anne Rice, Dracula de Bram Stocker.

[6] Dracula, Bram Stocker, Marabout, 1976, p.106

[7] Alain Roger, Hérésie du désir : Freud, Dracula, Dali, Champ Vallon, 1985, p.137

[8] Carmilla, Joseph Sheridan le Fanu, Marabout, 1978, p.138

[9] jeu de mot emprunté à Alain Roger, Op. cit.

[10] Katherine Ramsland, Prism of the Night : A Biographie of Anne Rice, Plume-Penguin, 1992, NY, p. 148, traduction personnelle.

[11] Jacques Finné, article Le sang n’est pas tout, la dimension érotique du vampire, dans l’anthologie Les visages du vampire, op. cit.

[12] Jean Marigny, article Je est vampire ou : la métamorphose du lecteur, dans Visages du vampire, op. cit. p.114

[13] True Blood, épisode 11 saison 2

[14] True Blood, épisode 10 saison 1

[15] True Blood, épisode 7 saison 1

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Twillight la pudibonde au Nord et True Blood la dépravée au Sud

07 lundi Mai 2012

Posted by morganecaussarieu in article, dossier

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Twillight la pudibonde au Nord et True Blood la dépravée au Sud

article écrit par Morgane Caussarieu  pour le site psychovision.net

A l’heure ou la saga à succès Twillight de la mormone Stephenie Meyer prône ouvertement la pudibonderie auprès de millions d’adolescentes fanatiques – avec cinq livres et trois adaptations cinématographiques à ce jour – le True blood d’Allan Ball, un tout petit peu moins médiatisé, prend le parfait contre pied.La série TV, tirée du trop léger La Communauté du Sud de Charlaine Harris, rejette violemment la mouvance puritaine très en vogue dans les mentalités des jeunes américains en ce début de XXIème siècle. Pourtant, les deux schémas narratifs sont quasiment identiques : une jeune fille doit choisir entre ses deux prétendants, l’un vampire, l’autre métamorphe.

Autre coïncidence, l’un des deux amoureux est télépathe (Sookie dans True Blood et Edward dans Twillight) et ne s’intéresse à l’autre qu’en partie parce qu’il ne peut entendre ses pensées. Ces similitudes ne sont pas étonnantes, vu le peu d’originalité dont fait généralement preuve la Bit-Lit, sous-genre auquel appartiennent les livres de Meyer et d’Harris.

Si dans Twillight, les bonnes valeurs mormones sont au rendez-vous, et que, comble du comble, le vampire, qui jusqu’à présent était utilisé comme métaphore de la sexualité, devient, dans les années 2000, la métaphore de l’abstinence, – poussant le vice jusqu’à ce que Bella et Edward ne puissent consommer leur union qu’après un mariage, dans le tome quatre – le show d’Alan Ball réhabilite, et avec brio, le vampire ultra-sexué.

L’une des raisons de cette énorme différence de ton entre les deux sagas – l’une est sage, froide, bleutée, mièvre ; l’autre est trash, chaude, rouge sang, sulfureuse, parfois malsaine… – pourrait être tout simplement leur localisation géographique. Les amourettes de Bella et d’Edward ont lieu dans le Nord des États-unis, dans la ville de Forks, état de Washington, tandis que celles de Sookie et Bill se concrétisent dans les marécages de Louisiane. Comme si le Sud dictait le ton, transformait la jolie histoire pour adolescentes en quelque chose de plus dégradant, à moins que la Louisiane ne soit justement qu’un prétexte à montrer du sexe à la télévision, comme si elle le justifiait.

Signalons un fait plutôt amusant : Kirsten Stewart, l’actrice qui interprète l’héroïne de Twillight, se dévergonde lorsqu’elle débarque à la Nouvelle-Orléans, dans le premier long métrage de Jake Scott, Welcome to the Rileys (2011) où elle interprète une strip-teaseuse en fuite, un rôle à mille lieux de celui de Bella

Rappelons que la Nouvelle-Orléans, parfois surnommée La Big Easy ou City of Sins, est connue comme la capitale de la prostitution, de la luxure et de la dépravation, et serait l’un des endroits les plus sulfureux du monde, avec ses bordels aux lumières rouges, jouxtant les casinos dans le Vieux Carré, le quartier français. La Nouvelle-Orléans occupe dans l’imaginaire américain une place à part, celle d’un lieu où tout est permis, l’équivalent sudiste d’Amsterdam. Et cette réputation, non usurpée, tend à s’étendre à toute la Louisiane, contrée des marécages et du vaudou, coupable de l’esclavagisme, incarnation d’un malaise sudiste qui tente encore de récupérer de la défaite de la guerre de Sécession et de la perte de son identité française. La Louisiane serait une contrée sauvage, pas encore domestiquée par l’uniformité américaine, où régnerait la loi du plus fort, et c’est ce qui fait son charme ; souvent considérée comme un lieu de perdition, elle pourrait bien être devenue un nouveau Far-West, déplaçant le mythe de la Frontière, un lieu où tout serait possible et où l’Amérique pourrait retrouver sa sauvagerie oubliée. Howard Zinn, dans son ouvrage The Southern Mystique souligne que « Il y a dans la mystique sudiste cette idée profondément ancrée que le Sud n’est pas seulement différent, qu’il est à part de tout le reste du pays – une aberration, un monstre, une déformation explicable de la norme nationale. Le Sud, c’est ainsi, ne se contente pas de parler différemment ; il parle différemment ; il pense différemment ».

Et dès le générique, True Blood revendique son appartenance au folklore du vieux Sud, véhiculant de manière esthétique et clipesque les clichés hérités de William Faulkner : les marais, les prédicateurs noirs, le sexe, les vieux sudistes pervers, les animaux qui se décomposent, les serpents… mélangés aux boites à strip-tease envahies par les rednecks à la nuit tombée. Toute l’Histoire

du Sud, le vrai et le fictif, est là : le blanc du Klu Kux Klan, le rouge des fraises et du sang barbouillé sur la bouche d’un enfant, et le noir et blanc des vieux films de Griffith…. Une femme dit d’ailleurs, en parlant de la chaleur dans l’épisode 4 de la saison 1 « Je me sens comme une chatte sur un toit brûlant… », en référence à la pièce du dramaturge sudiste Tennessee Williams.

Le malaise louisianais se traduirait dans True Blood par une surabondance de gore et de sexe, du jamais vu dans le support de la série populaire, encore moins si elle est romantique. Si les vampires peuvent légitimer ces deux extrêmes, la trame narrative, centrée exclusivement sur une histoire d’amour à l’eau de rose, semble un peu hors sujet, au contraire des thèmes de séries plus mâtures, s’adressant à un public d’adultes avertis, comme Nip/Tuck, un show qui ne rechigne pas à montrer des fornications osées et des plaies béantes avec une minutie à la limite de la pornographie. Le prédécesseur de True Blood en la matière, Buffy The vampire slayer, se montrait bien plus pudique, reléguant violence et actes sexuels en hors champ dans la plupart des cas. Au contraire, chez Alan Ball, le sexe est montré dans sa totalité et parfois, ne semble pas justifié par le scénario. Il en va de même pour la violence qui ne se prive pas d’effets spéciaux numériques et organiques au service d’une esthétique de l’horreur, sombrant parfois dans le gore jouissif. En effet, si dans Buffy, les vampires en mourant se désagrégeaient en poussière, ceux de True Blood crachent en immenses gerbes, des litres de sang, se liquéfient, puis explosent, recouvrant le Van Helsing local de sang et de lambeaux de chair moite et collante.

Il faut préciser que True Blood est produit par la chaine américaine privée HBO, non soumise à la censure, à qui l’on devait déjà, outre Six feet Under du même Alan Ball, les sulfureux Sex and The city et Californication, l’ultra-violent Oz et l’érotique Rome, des séries qui jouaient sur le coté choquant des sujets abordés. True Blood n’est donc que la continuité d’une chaîne qui a fait du glauque et du racoleur son fond de commerce.

La série met en scène Sookie Stackhouse, interprétée par Anna Paquin, héroïne naïve, blonde, orpheline et vierge à vingt-cinq ans car ses pouvoirs télépathiques l’empêchent d’avoir une relation avec un homme. Jusque là rien d’anormal. Pourtant, cette pucelle n’a pratiquement rien de la pucelle que l’on s’attendrait à trouver dans ce genre de série. Vêtue de tenues à la limite de la décence (décolleté plongeant, tee-shirt moulant, short au ras des fesses…, la peau offerte.), elle dégage une sensualité mâture et brûlante, suant la sexualité jusqu’au dernier de ses pores et allume ouvertement tout ce qui est mâle dans son entourage, battant outrageusement des cils, bombant la poitrine, et dandinant de la croupe, à l’instar d’à peu près tous les personnages féminins. Comme si l’humidité des bayous, et la chaleur infernale du Sud justifiait ce genre de comportement. On est bien loin de la très sage Bella de Twillight, qui elle, tient son rôle de pucelle très au sérieux, emmitouflée dans des chemises de bûcheron qui ne laissent pas dépasser un centimètre de peau. Sookie semble donc marquée par la débauche exagérée que True Blood s’évertue à nous présenter comme le quotidien en Louisiane. Mais elle est aussi affectée par le malaise sudiste, puisque ses parents sont morts dans une crue, et qu’elle a été sexuellement harcelée par son oncle lorsqu’elle était enfant.

Les vampires de Twillight, s’ils restent attirants, sont totalement dénués de leurs atouts de prédateur sexuels, puisque Stephenie Meyer, castratrice, les a cruellement privés de leurs canines, symbole phallique du vampire romantique. En réponse, True Blood affuble ses créatures de deux très longues dents ridicules et rétractables comme des crocs de serpents, et ne se prive pas d’abuser de la métaphore très peu subtile (ce manque de subtilité caractérisera la série en général) de l’érection des dites canines, à chaque fois que le vampire est un peu émoustillé par une jouvencelle aguicheuse.

Chez Alan Ball, les peaux sont humides, les chairs dénudées, et les morsures sont si sensuelles qu’elles ne peuvent que faire penser à une fellation, avec des plans rapprochés sur la langue léchant le liquide, tandis que les yeux se lèvent vers le partenaire pour apprécier son excitation. Le doute n’est ici plus permis et la métaphore n’en est plus une. D’ailleurs, Bill mord toujours Sookie avant de lui faire l’amour, en guise de préliminaire. Mais le sexe, omniprésent, n’est pas toujours lié au vampire, mais plutôt au personnage de Jason, qui pratique le sport de chambre à un rythme maladif.

La série mêle sexe, sang et drogue comme un tout : les vampires sont capables de copuler comme les humains, et leur sang est comme une drogue. Lorsqu’un homme en prend, il s’ouvre à la sexualité : après avoir bu le sang de Bill, Sookie fait des rêves érotiques et se masturbe sur le pas de la porte en attendant son vampire (épisode 3), tandis que Jason ne parvient pas à ce débarrasser de son érection après avoir fait une overdose de V (nom donné au sang de vampire). Inutile de préciser que les questions de drogue ne sont jamais évoquées dans Twillight, les personnages ne consommant pas une seule goutte d’alcool.

Remarquons que le show HBO n’est que la continuité d’une tradition de vampire louisianais libidineux, le buveur de sang ayant commencé à cacher son cercueil dans les bayous en 1976 avec le sombre et sensuel Entretien avec un vampire d’Anne Rice (adapté au cinéma en 1994 par Neil Jordan), qui sera suivi par le très trash Âmes Perdues de la papesse du queer underground Poppy Z Brite.

Si dans Twillight, la famille américaine parfaite et l’institution du mariage hétéro-normé sont mises en avant — Bella, issue d’une famille éclatée, rêve de faire partie de la famille de vampires, complète, heureuse, et riche (ce qui ne gâche rien) sur le modèle mormon/capitaliste — Alan Ball s’en prend agressivement à l’American Way of Life ; aucun respect pour les valeurs de l’Oncle Sam. La famille explose sous la dynamite True Blood : Sookie n’a plus de parents et vit avec sa grand-mère et son frère perturbé. Sa meilleure amie, Tara, n’a pas de père et se retrouve en prime handicapée par une mère alcoolique. Quant à leur patron, Sam, il a été abandonné lorsqu’il était enfant, une fois par sa vraie famille, et une deuxième fois par sa famille d’accueil (vraiment pas de chance !). Les individus qu’Alan Ball nous montrent sont des écorchés vifs, broyés par la société, qui enchainent des petits boulots minables, serveuses ou ouvrier des travaux publics pour ceux qui arrivent à garder leurs travails, dealers pour les plus ambitieux.

Le seul moyen pour ces personnages d’exister et de se révéler, de s’échapper d’un univers pourri et hypocrite, de se réconforter, semble être la sexualité. Et une sexualité pas toujours hétérosexuelle, la série étant pétrie de clins d’œil queers, et ce dès le générique avec l’inscription « God hate fangs » qui rappelle le « God hate fags » du fameux (et honteux) mouvement de Westboro Church, dont la Confrérie The Fellowship of the Sun pourrait être l’avatar : l’Eglise ressemble à ces mouvements baptistes d’ex-gays qui pensent pouvoir soigner l’homosexualité à coup de sourires éclatants, de discussions de groupe et de témoignages de ceux qui s’en sont sortis…

Vamps et homos sont alors embarqués dans un même panier, celui du rejet et de la marginalisation. En se révélant aux yeux du monde et en cherchant à obtenir le droit de vote et à lutter contre la ségrégation dont il fait l’objet, le vampire rappelle le combat homosexuel, s’attirant les foudres de l’extrême droite, voire de la droite républicaine, liée aux valeurs chrétiennes. Dans le Sud profond, le combat est d’autant plus difficile car les suceurs de sang se heurtent aux esprits étroits des rednecks et des bigots. Citons cette phrase du Sénateur Finch lors d’un débat télévisé (saison 2 épisode 11) : « Il ne faut pas donner le droit de vote aux vampires car leur sang transforme nos enfants en drogués et en homosexuels. » Le vampire doit sortir du cercueil et non pas du placard, afin de forcer son intégration dans la société sudiste, intégration parfaitement réussie au Nord par la famille Cullen, avec un patriarche vampire sans soucis d’identité sexuelle, exerçant la profession de médecin, et marié à une séduisante femme au foyer.

Twillight pourrait se lire comme une œuvre de propagande pour le mode de vie mormon, invitant à respecter les institutions familiales et maritales, au sein d’une communauté polie, aimante et unie contre l’adversité. Si les mormons sont des fervents défenseurs de la chasteté jusqu’au mariage, ils prônent cependant la famille nombreuse une fois celui-ci consommé, et pour ce faire, déconseille la contraception et interdise l’avortement ; cela pourrait expliquer que Bella tombe enceinte dès ses premiers rapports dans Breaking Dawn et son acharnement à garder l’enfant en gestation, au péril de sa propre vie. Le sous-texte religieux est clair, même si Meyer s’en défend, l’exemple le plus significatif étant l’apparence d’Edward, qui rappelle celle de l’ange Mormoni, apparu au prophète Joseph Smith en 1823 : un être de chair et de sang, irradiant la lumière et « magnifique au delà de toute description ».

La peau d’Edward brille au soleil, et Bella le décrit comme un ange à la beauté inénarrable : à l’instar de Mormoni à Joseph Smith, le vampire enseignera à Bella la conduite à tenir et la mettra sur le droit chemin, l’intégrant à sa famille, et refusant de la toucher avant de lui avoir passé la bague au doigt, malgré les avances pressantes de la jeune fille dans le tome 3.

Au contraire, True Blood s’acharne à offrir une vision dégénérée du christianisme, déformée par le prisme culpabilisateur de l’esprit puritain, qui s’empare du Sud dès 1740 avec le Great Awakening, donnant naissance à une formidable croissance des Eglises protestantes baptistes, méthodistes, et presbytériennes. C’est le rapprochement constant du sexe et du péché, la conception de la sexualité de l’homme comme sa nature déchue, l’image de la femme tentatrice (une Eve condamné à le détruire), tout en encourageant la dévotion familiale. Dans l’étude William Faulkner : la saga de la famille sudiste, Gwendolyne Chabrier fait cette observation : »Tandis que les Eglises protestantes du Nord se préoccupaient des conditions de travail, de l’injustice raciale et de la procédure civile, l’Eglise protestante du Sud se souciait, elle, de ce qu’elle estimait être des questions morales, telles la malfaisance du tabac, de l’alcool, du jeu, de la danse, du théâtre, des rixes, des duels, des bagarres, des ragots, ou encore le luxe superflu ou le divorce. » (p. 31)

Dans la première saison de True Blood, la religion est principalement abordée à travers la mère alcoolique et irresponsable de Tara, persuadée que ses faiblesses envers la boisson proviennent d’un démon qui aurait pris possession d’elle. Fervente habituée des bancs de l’Eglise noire, elle va pourtant se faire exorciser chez une prêtresse vaudou. Les croyances sont donc trainées dans la poussière, la série se plaisant à mélanger sacré et païen mais renvoyant aussi à une réalité louisianaise : la population Noire, évangélisée de force aux balbutiements de la colonie, se retrouve tiraillée entre deux croyances, deux cultes très forts, le vaudou (issu d’Afrique) et le christianisme.

Quant à l’éducation religieuse, elle est présentée comme répressive, inadaptée à notre époque, si l’on s’en fie à l’adolescente Jessica qui s’émancipe en devenant vampire. La saison 2 s’en prend encore plus violemment à la chrétienté avec des intrigues qui tournent autour de l’Eglise The Fellowship of the Sun, des fanatiques sectaires, près à tout pour détruire les vampires. Leur acharnement à détruire ceux qui sont différents rappelle la persécution des noirs par le Ku Klux Klan.

The Fellowship of the Sun possède même des accointances avec l’extrémisme musulman, puisque l’Eglise forme des Kamikazes pour triompher d’une guerre qu’ils sont les seuls à vouloir. La liberté religieuse, phénomène typiquement américain, est ici dénoncée comme source de régression de l’intelligence humaine : l’Eglise enrôle les esprits faibles avec des concerts de rock chrétien ridicules dans lesquelles une chanteuse bimbo encourage la virginité jusqu’au mariage en mini-jupe (N’est-ce pas d’ailleurs ce que fait aussi Twillight, montrant des jeunes gens séduisants qui n’ont pas le droit de consommer charnellement leur attirance ?).

Cette seconde saison voit en outre l’apparition d’un nouveau personnage maléfique, la ménade Maryann Forrester qui cherche à convoquer son maître, le dieu païen Bacchus. À travers les cultes dionysiaques, prétextes à des scènes d’orgie mémorables, Alan Ball dénonce le comportement des fidèles. « On retrouve le fameux “With God On Our Side” qui a servi de sceau à bien des atrocités » analyse Pierre Serisier, spécialiste en série. « (Alan Ball) met en parallèle ce culte dionysien que l’on considère aujourd’hui comme ancestral et barbare avec l’exercice de la liberté religieuse actuelle. Au fond, il n’y a pas de différence entre Maryann Forrester prête à tous les sacrifices pour s’unir avec son dieu Bacchus et le révérend Steve Newlin qui imagine massacrer tous les vampires afin d’accéder au paradis. » (http://seriestv.blog.lemonde.fr/)

Le summum des abus perpétrés sous couvert de la religion est exprimée, dans l’épisode 11 de la saison 2, à travers la solide bêtise de Jason Stackhouse avec cette répartie qui figurera dans les annales : « Parfois, il faut détruire quelque chose pour le sauver. C’est dans la Bible. Ou dans la Constitution. »

Tandis que les caricatures de Ball, certes vulgaires et outrées, frappent la société américaine là où ça fait mal, et par là même, tente d’éveiller l’esprit critique de ses spectateurs, Stephenie Meyer cherche à promouvoir insidieusement au sein d’une adolescence influençable, un modèle de pensée archaïque, consensuel et infiniment marqué par les principes religieux.

La question que l’on est en droit de se poser au final est : qui de True Blood ou de Twillight est le plus provoquant, le plus aberrant ?

 

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